Coupe du Monde 2019 – Chine: 15/06/19, course au but de 55 km

Il a été démontré que nous nous réveillons chaque matin avec une certaine quantité de concentration disponible pour la journée. Ce qui fait qu’on ne peut pas être concentré en permanence. Bien sûr tout le monde ne dispose pas du même réservoir. Je crois qu’il en va de même pour la patience. Mon expérience du jour est particulièrement réussie pour en faire la preuve.

A la fois pour des raisons d’organisation à cause de la remise des prix et d’une météo peu coopérative, un gros voile et du vent annoncé forcissant, la manche est courte. Je propose bien de faire deux fois le circuit proposé mais une fois sera bien suffisant. Dès le start, tout le monde s’accroche à la lèvre des reliefs pour garder son altitude. C’est un peu chaud mais aucune collision n’est a déplorer aujourd’hui.

Qui a éteint la lumière?

Je puise donc dans mon stock de patience pour avancer sans descendre, me replacer, enrouler quand il le faut, puis enrouler encore. J’ai déloopé ma voile et enlevé 1 kg de flotte, tout fonctionne au top. Je surveille du coin de l’œil mes petits camarades, tout est sous contrôle. Nous finissons par bénéficier de quelques rayons de soleil, rebondissons sur un thermique d’usine, sortons enfin les premiers plafonds vers la mi-manche.

A 20 km du but nous sommes à 12 de finesse du but et nous savons que cela ne rentrera pas. Je trouve une très bonne ligne vent de dos. A 10 km nous sommes à 9 de finesse du but et nous savons que cela ne rentrera pas. Une bonne partie du groupe est maintenant bien bas. La dernière balise est au vent, toute proche des points temps. Je remonte au vent, je trouve le dernier thermique, je trouve le noyau du dernier thermique, je suis à moins de 7 de finesse du but et mon instrument me donne 200 m sur la ligne, je n’enroule pas.

Un mauvais choix n’est pas compensé par une série préalable de bons choix

C’est donc à cet instant précis que je gâche mon top 10 au général, que je pulvérise notre résultat par équipe. J’essaye de gagner la manche et je prends 2 minutes de -4 m/s jusqu’à la balise pour aller m’échouer dans les points temps sans rien trouver pour me porter, et donc sans passer la ligne. Pour gagner une manche, il faut la boucler. Je n’ai pas souvenir que cela me soit arrivé souvent, en tout cas pas depuis des années.

A part ça les abeilles disparaissent, les océans se remplissent de plastique ou d’algues, les glaciers fondent, il y a plus grave. Sauf que j’ai un peu moins prise sur ces catastrophes que sur ma mauvaise décision du jour. Je vais demander un réservoir auxiliaire de patience pour mon anniversaire, tiens!