Coupe du Monde 2019 – Chine: 10/06/19, course au but de 82 km

Je ne vous cacherai pas une certaine déception, une petite pointe d’amertume, quoique bien relative. Avec le goût de ces crackers pris au hasard lors de ma découverte d’un supermarché Chinois: sucré et épicé à la fois. Je boucle 30ème sur 40 pilotes qui bouclent, avec une valise de plus d’une demie-heure. Content d’être au but, pas content de ma boulette.

Déjà vu: jusque là, tout va bien

Je vous passe les 55 premiers kilomètres, tout s’est bien passé jusque là, même le push face au vent en longeant le relief. Je pousse, je relâche, je respire, je repousse. L’accouchement du début de manche s’est fait sans trop de douleur. Le départ en plaine aussi. Arrive le moment où je me dis: « tiens, je fatigue, prends donc ta pompotte » (techniquement, c’est celle de mon fiston ou de sa sœur, je l’ai piquée dans le placard avant de partir, promis j’en remets en rentrant). Mais la potion magique n’a pas le temps de faire effet. Je ne vois pas ma coéquipière Méryl recentrer le thermique, elle sera la dernière à monter dans cette bulle qui casse le groupe de tête.

En plus je les laisse partir sur ma gauche. J’ai bien appris ma leçon au Pôle Espoir, je reste au contrôle de l’autre moitié du groupe qui oblique à droite. Et nous allons nous mettre bas, mais bas, dans le vent et la turbulence. Vingt minutes plus tard le gros de la compète nous passe sur la tête alors que nous n’arrivons pas à enrouler un truc qui monte sur un tour. Je perds mes camarades les uns après les autres.

Bouclez-là!

En tel cas, le recalage des objectifs est affaire urgente: il ne reste qu’à boucler pour finir sur une bonne note et s’éviter la récupe. C’est juste faite, depuis un moment déjà. Cela ne m’empêche pas de m’entendre dire à haute voix: « mais pourquoi tout le monde monte sauf moi, c’est pas juste! ». Cela devait être un effet combiné de ma myopie et de ma presbytie, ou bien la pompotte qui devait contenir du ginseng (en fait j’ai aussi trouvé des pompottes au supermarché Chinois, pour faire goûter à mon fiston). Toujours est-il que je vois mon ancien camarade Erwan au-dessus de moi et que cela me remotive. Nada, il me collera 15 bonnes minutes et je ne trouverai jamais ses queues de thermiques.

Bref, ce n’est pas le tout, toutes les bonnes choses ont une fin. Je retrouve Sim, camarade d’errance, nous montons un petit truc qui accélère progressivement. Et oui, on peut le dire maintenant, il ne fallait pas descendre, l’instabilité était meilleure en haut si quelqu’un ne l’avait pas encore compris. Nous finissons sur la tranche et à 7 de finesse du but travers au vent c’est parti pour une rentrée tout à toc. Bilan? Je l’explose d’une seconde entière! Il était temps que je connaisse une petite victoire aujourd’hui…