Constat évident: je viens de réaliser mon plus mauvais résultat en Coupe du Monde. Quel ou quels problèmes peuvent en être à l’origine? En premier lieu, je crois que l’entame, la mise en jeu, l’engagement initial m’ont été fortement préjudiciables. Je suis arrivé décontracté, sans désinvolture, mais sans agressivité non plus. Sur le plan psychologique et stratégique je m’étais préparé pour une course de fond alors que ce sont des courses de vitesse pure qui se sont déroulées, dès la première manche. Avec 1 manche stoppée et 4 annulées en l’air, la gestion de la course n’a pas été très simple. La volonté de se remettre en selle a été mise à rude épreuve. Au final, Poggio Bustone morne plaine.
Tactique
Mes 3 premiers starts ont été ratés, ce qui n’est pas une habitude. Avec les séances de push qui ont suivi derrière, il m’a été impossible de recoller. Il fut un temps où j’étais un bon rattrapeur, mais il s’agissait de passer d’une 60ème à une 20ème place en cours de manche en A, quelques années en arrière, rien à voir avec une manche de Coupe du Monde. Signe annonciateur, déjà en août à Annecy je n’étais pas content de mes starts et à la traine du groupe.
Matériel
Pour arranger le tout, j’ai connu des problèmes d’électronique dans les 2 premières manches: d’abord mon 6030 me lâche et ensuite mon MLR. A cause ou en plus de cela, j’ai clairement manqué de disponibilité mentale pour manipuler mes GPS correctement dans les deux premières manches. Et dans la première comme dans la troisième je suis trompé par les erreurs de calcul du 6030 sur la rentrée au but: une fois trop optimiste, une fois trop pessimiste.
Tout cela dénote certainement un peu de lassitude. La saison a été dense, intense, intéressante. Dommage de terminer là-dessus. Je vais laisser passer un peu de temps avant de faire le bilan de l’année et fixer des perspectives pour 2010. Pendant l’hiver je vais repartir pour un cycle de recherche et de préparation. Je vous tiendrai au jus.
Je te sens un peu las… laisse passer un peu de temps et, effectivement, trouve une solution pour l’electronique car c’est dommage de jouer la course la plus importante sur un appreil deffectueux. J’avais cru lire que tu avais pourtant emprunte un nouveau 6030… ca ne leur fait pas beaucoup de pub.
Le bon start a l’air necessaire mais tu avoues regulierement avoir du mal a pousser aussi loin que d’autres la vitesse. Est-ce une question de voile, de temps de vol annuel ? Quoiqu’il en soit, je me demande s’il est possible de faire mieux que dixieme au general en partant d’emblee avec l’impression que tu ne peux pas aller aussi vite que certains concurrents. Comme tu as l’habitude de repondre a ces questions sans detour ni precipitation, je te souhaite de bonnes vacances (competitivement parlant) en attendant de lire tes conclusions.
Conclusions pas trop hatives car il ne faut pas oublier les resultats accumules a la reguliere au cours de l’annee et qui montrent que tu as ta place en haut niveau.
Salut Bruno,
J’ai avoué un peu lassitude, je confesse également quelques restes de cyclothymie.
Concernant le push: deux choses.
D’abord je n’ai jamais été un grand pusheur. Je me place, je flotte, j’enroule en essayant d’exploiter au mieux l’énergie de la masse d’air, sans précipitation. Les deux années précédentes j’ai commencé à utiliser en course mon second barreau, et pas uniquement sur la rentrée au but, dans cette idée d’optimisation. Cette année, en fait depuis mon épisode dans la falaise de Saint-Hil, je n’ai pas trop le goût d’y toucher. Cela commence à revenir. Mon vrac n’était pas lié à l’usage de l’accélo, mais il m’a marqué dans le sens où j’ai une appréhension dans la gestion des vracs à haute vitesse. Je pense avoir la technique nécessaire, il me faut un peu de confiance et de pratique en plus, progressivement.
Ensuite ma voile est une pré-production datant d’octobre 2008 des IP3 envoyées aux Championnats du Monde début janvier 2009. L’usine de fabrication a oublié une bande de renfort au niveau des C dans sa confection de ma voile. Elle vole bien sans, elle se dandine à peine. Cependant, et cela s’est accentué avec le temps, l’absence de cette bande de renfort renvoie de la tension sur le bord de fuite. Il se plie légèrement dans toute l’envergure, à 10cm du bord de fuite. Cela a commencé lorsque j’accélérais à toc, maintenant j’ai ce pli bras haut. Et comme chacun sait, il faut éviter de freiner quand on accélère. Conséquence pour moi: plus je vais vite, plus il se produit des décollements soudains et parasites des filets d’airs sur le bord de fuite, dans un "clac" caractéristique.
Tout ceci fait que je ne peux (pouvais) techniquement et matériellement pas exploiter sereinement ma machine à fond.
Alors maintenant, l’avenir! Stefan Wyss dispose d’une machine extrapolée de l’IP3 qui fonctionne déjà très bien, c’est une bonne base de travail. Malheureusement pour la comparaison en Italie Stefan a connu des problèmes matériels au start de la première manche. Après 4 mois passés à régler des questions de production sans pouvoir avancer sur la conception, Olivier Nef est venu nous voir à Poggio Bustone et est reparti les yeux brillants de toutes les idées qui sont nées à l’issue de cette compétition. Quant à Urban, il est remonté à bloc pour enfin pouvoir mettre en pratique ses idées sur ses voiles et sa sellette. Donc Niviuk est complètement mobilisé pour faire un bon en avant au cours des prochains mois. J’ai hâte d’en connaître le résultat. Décembre et janvier seront des mois déterminants pour construire les bases de la saison 2010. Wait & see!
Merci de ton message!
Maxime
L’avis (très modeste) d’un parapentiste de base est que Bruno à raison. Au vu de ta saison tu as ta place dans les "top guns". Et c’est toujours aussi passionant de te suivre, tant au travers de tes récits que de tes analyses. Au plaisir de te voir en compagnie des autres à St Hil ce week-end.
Maurice