Sécurité en compétition

Après un billet sur le thème de la performance, voici quelques réflexions sur la sécurité. Mon idée est de parler ici de sécurité, en compétition et pas en général, car le problème du risque intrinsèque de l’activité vol libre il faut se le poser avant et ailleurs. Nous sommes nombreux à avoir vécu des situations dramatiques dans notre pratique sportive, et ceux qui n’en ont pas encore connu devront y faire face un jour. Vouloir bannir le risque vital ou le simple risque d’accident en compétition est aussi utopique que de vouloir éradiquer le risque dans l’activité elle-même. J’éviterai les parallèles mais vous voyez ce que je veux dire en pensant à la voiture, à la moto, au vélo, à l’escalade et tant d’autres activités. De longs débats s’ouvrent après chaque nouvel épisode douloureux, qui appellent de longues réponses, car il est difficile de faire court sur ce sujet, et je ne vais pas déroger à la règle. Pour autant, faut-il opposer la sécurité à la performance?

Ma réponse est négative. Bien entendu que nous pouvons adresser la question de la sécurité sans entamer notre quête de la performance. Et bien entendu que nous devons le faire, car la visibilité des compétitions est forte tant vis-à-vis du grand public que des pratiquants, et il est nécessaire de corriger les idées reçues.

D’abord il faudrait établir un bilan des accidents. Cela se pratique dans de nombreuses autres activités, comme le parachutisme souvent cité en exemple, de manière à alimenter une base de connaissances et à faire progresser matériels et pratiques. Des bases se construisent en France mais ne sont pas significatives pour ce qui est de la compétition en dehors de l’énumération de cas isolés. Je ne connais pas l’existence d’un tel travail au niveau international. Je ne connais pas non plus l’existence d’une telle base spécifique aux compétitions. Je ne connais pas non plus de statistiques sur l’accidentologie rapportée à la quantité d’heures de pratiques, ce qui à mon avis conduirait à relativiser l’importance donnée aux accidents en compétition. Alors à défaut de statistiques, je ne peux que me baser sur mon expérience.

Ma statistique personnelle s’établit à 1 moment très chaud toutes les 250 heures environ, sans jamais heureusement me faire mal. Donc lorsque 150 pilotes volent pendant 5 heures sur une manche, qu’il y ait en moyenne 2 ou 3 secours tirés dans la journée ne me paraît pas statistiquement aberrant (150×5/250=3). Et un secours n’est pas un accident, c’est un début de solution à un problème en vue d’éviter un accident. Réduire le nombre de pilotes en l’air et d’heures de vol ne réduit pas la statistique, mais peut réduire le nombre d’occurrences en les délayant dans le temps.

Mais il ne faut pas nous leurrer. Seuls quelques risques peuvent être supprimés, les autres ne seront que réduits. Je vais essayer de faire quelques propositions concrètes en ce sens. Pour cela, en bon cartésiens, décomposons le problème en unités élémentaires de responsabilité. Et comme ma prose s’est considérablement allongée, je vais publier une série de quelques billets sur le sujet.

Voici donc un beau sujet pour mon 200ème billet. A suivre…