Interview pour Vol Libre Magazine: la préparation (1/10)

Roland

Comment te prépares-tu à une compétition au niveau de ton matériel ? Et au niveau de ton physique et mental ?

Jean-Marc

Pour moi, l’important est de connaître son matériel par coeur sous toutes conditions, il faut donc voler, voler et encore voler. Afin d’évacuer les problèmes de « matos » durant une manche en compétition, je m’interdis toute grosse « bidouille » au niveau de ma sellette, du réglage de ma voile ou de mes instruments de vol. Je veux avoir volé avant et essayé la modif. Mon matériel est donc réglé au préalable durant les vols d’entraînement ou compétition hors circuit, je peux alors me concentrer à 100% sur la course. Pour mon corps d’athlète de « Chippendale », le VTT est pas mal pour garder une bonne condition physique et mentale. Cela permet d’une part de muscler les cuissots pour accélérer nos ailes, car avec nos polaires actuelles plutôt plates de 30 à 55 km/h, l’utilisation de l’accélérateur est constante en transition, et d’autre part muscler le mental, lorsque l’on se trouve dans un passage difficile ou quand on enquille un sprint « tout à donf ».

Denis

Je me prépare mal hélas; car je n’ai pas le temps et l’énergie pour faire ce qu’il y a de mieux!! Mais voilà ce que j’aimerais faire au niveau du matériel: connaître mon aile sur le bout des doigts en fonction de mes sensibilités afin de limiter le besoin d’adaptation à une particularité de l’aile; pour ça il faut passer des heures en l’air et trouver le chemin de la communication avec le concepteur et les autres pilotes de la marque; et ça c’est pas facile! Cet engagement dans la recherche sur mon aile me permet de la comprendre finement et permet de faire vivre l’évolution du matériel et donc de l’activité en général. J’ai besoin de connaitre toutes les perfs de mon aile à tous les régimes de vol pour adapter sa vitesse aux conditions que l’on rencontre principalement en transition et en rentrée au but! cela requiert un statut de rentier ou chômeur et une vie de célibataire, à moins d’être payé pour ça!

Il faut connaître aussi les réactions de son aile à chaque évènement de l’air. Les stages de pilotage, la voltige et SIV et les heures de vols apportent une pratique cohérente à la précision des gestes nécessaires à la performance. La sellette doit être réglée aux petits oignons à sa physionomie et à ses sensations, l’accélérateur adapté à sa force musculaire, à sa longueur des papates, au type de mouflage de son aile…

Au niveau du mental, mes mots-guides sont: expérimentation, ouverture d’esprit, communication, échanges avec les pilotes,disponibilité, ténacité, concession… Pour moi, le mental et le physique forment un tout; les jours de fatigue l’un soutient l’autre… Toujours est-il que le quotidien doit être organisé pour que l’ensemble soit harmonieux; organiser son temps pour s’entretenir physiquement, résoudre ses problèmes psy, concilier le relationnel professionnel et familial en vue d’un ressenti de soutien de la part de tous autour du projet de la compétition à haut niveau.

Maxime

Mon sac est pratiquement toujours prêt à partir. Je recharge systématiquement mes accus (vario, GPS, radio, téléphone), je télécharge le fichier de balises, je vais faire un tour sur des sites de cartographie pour étudier le terrain. Je corrige ou améliore dans mon salon des points de détail relevés sur mon matériel lors du dernier vol. Je vais parfois faire un petit vol sur une colline parisienne ou en bord de mer pour faire du réglage, comme une longueur de drisse d’accélérateur ou l’assise dans la sellette. Au fil des compétitions je recherche toujours à améliorer un point ou un autre, j’ai donc maintenant une configuration bien personnalisée de mon matériel.

Au niveau physique, ma préparation consiste essentiellement en un entraînement foncier, un travail axé sur endurance, course à pied et VTT. Je travaille cet hiver une préparation plus spécifique, portant sur la ceinture abdominale, les épaules et les cuisses. Sur le lieu de la compétition, je m’échauffe et fais des étirements avant de décoller.

Le mental est le plus important à mes yeux. C’est en travaillant ce point que j’ai fait le plus de progrès ces deux dernières années. Cette démarche est très personnelle, à chacun de trouver sa voie, seul ou avec un coach.