Sécurité en compétition: la responsabilité des industriels

Les constructeurs s’engagent en compétition pour deux raisons essentielles: l’image et l’innovation. Le temps des pièges volants est fini. Les constructeurs ont pleinement conscience de l’image que peuvent créer les accidents. Ils recherchent tous un compromis entre le comportement et la performance.

Alors que peuvent faire en plus les constructeurs pour améliorer la sécurité en compétition?

Les jauges

En voile les Figaro ou Vendée Globe sont des jauges, de même que toutes les séries olympiques. Pour autant les mats cassent et les bulbes de quille coulent. Limiter l’allongement, imposer un métrage minimum de suspentes d’un certain diamètre ne servira pas à grand chose. La compétition de haut niveau c’est pousser les règles à leurs limites. Les problèmes rencontrés en compétition au niveau du matériel ne sont pas différents de ceux rencontrés en vol loisir: des fermetures parce que nous volons avec une structure molle, des ruptures parce que notre matériel s’use. C’est une direction tortueuse sans gain évident en matière de sécurité.

Un modèle unique de parapente pourrait-il résoudre le problème, c’est-à-dire réduire les risques? Il faudrait arriver à convaincre les constructeurs qu’ils y auraient intérêt, s’ils pouvaient apporter quelques innovations par exemple. Il faudrait aussi convaincre les pilotes de faire des compétitions sous des LTF1 ou CEN-A, puisque la voile doit être ultra securit. Parce que si les constructeurs savaient faire une voile de compétition indestructible, ils l’auraient fait. C’est une impasse.

Et tant qu’à parler de jauges, parlons du lest. Un pilote a le droit d’emporter 32kg de matériel. Donc, que se passe-t-il? Les pilotes boivent à se faire mal au ventre pour la pesée, car « seulement » 32kg au-dessus de la pesée du pilote sont autorisés. Toutes les règles sont menées à leurs limites en compétition, jusqu’à ce que l’esprit de la règle soit contourné. Et le parapente est tout de même injuste, son énergie cinétique étant créée par dissipation de son énergie potentielle, les pilotes lourds sont avantagés par rapport aux pilotes légers, puisqu’il s’agit de compétition de vitesse, et en plus les écoulements sont meilleurs sur les grandes surfaces par rapport aux petites. Il faudrait alors créer des catégories de poids, comme en boxe. C’est une autre voie sans issue.

Un championnat de constructeurs

Comme vu dans la partie « responsabilité des circuits », les autorités en matière de compétition sont aujourd’hui les fédérations et les associations de pilotes. Imaginer un championnat de constructeurs pourrait avoir des avantages: le nombre de compétiteurs serait réduit, les voiles seraient contrôlées et entretenues, la responsabilité de la sélection des pilotes reposerait sur les usines… Pour autant, cela ne concernerait qu’un nombre limité de pilotes, je suis sûr que cela a déjà existé dans le passé, cela existe même de nos jours lors de rassemblements organisés par certaines marques, et que l’effet sur la sécurité est à peu près nul.

L’innovation

Les rigifoils rendent nos voiles plus solides, donc augmentent notre sécurité passive. C’est le type même d’innovation que la compétition permet de mettre au point et valider avant de servir pour les ailes de série. Certes, en compétition, cette innovation est aussi utilisée pour repousser les limites en matière de tenue du bord d’attaque à haute vitesse, donc nous sommes susceptibles de vraquer à plus haute vitesse.

Deux autres exemples qui ne réduisent pas les risques mais font avancer notre sécurité de manière indirecte:

  • Les balises SPOT ou d’un genre équivalent permettent de localiser une victime et de raccourcir le délai pour le déclenchement des secours. Je suis persuadé que l’aspect sécurité est une clé pour une diffusion large de ce genre de dispositif. Et lorsqu’il est couplé à une promotion pour suivre en temps réel les courses sur Internet, les deux objectifs des constructeurs sont réunis.
  • J’aime être prêt et placé avant l’ouverture de la fenêtre de décollage, alors parfois mon matériel se dore la pilule au soleil. J’essaye de limiter l’exposition et d’en prendre d’autant plus soin quand il est replié. Certains ont inventé le magic-bag, d’autres ont inventé le sac de rangement en vrac pour biplace, peut-être quelqu’un va-t-il inventer le sac mixte qui répondra à mes attentes?

La stabilité spirale

Ne concerne pas le type de voile dont nous parlons, ni les pilotes de ce type de voile. Me trompe-je?

Les cravates

Le cravates se produisent, c’est un fait. Elles sont impossibles à éviter ou à interdire. Si une suspente magique permettait de les défaire à coup sûr, elle existerait déjà. Mais il est vrai que c’est souvent la suspente de stabilo qui aide à défaire les petites cravates, alors pourquoi pas rendre cette suspente indépendante obligatoire, avec une géométrie acceptée par tous les constructeurs et qui convienne à toutes les formes de bout de plume… La vraie solution? Nous la verrons dans le prochain billet sur la responsabilité des pilotes.

2 réflexions sur « Sécurité en compétition: la responsabilité des industriels »

  1. Reflexions intérressantes Maxime !

    Sur le lest je pense que typiquement c’est un truc qui pénalise tout le monde !
    Constat en compéte quasi tout le monde vol lesté.
    Résultat : augmentation des risques de blessures lors des crashs ou des posés en terrain difficile, on se pete le dos, on galere dans les portages et les récupes et en plus du coups les constructeurs travaillent sur des voiles plus grandes.
    Bilan : les gros comme les petits sont pénalisés.
    La solution : réduire le poids maximum emporté pour tous à 25kg. Pour ma part, j’ai une sellete cocon kanibal race + une Magus 6 23 + un vario 3005+ 1MLR + 500ml d’eau + casque bol +1 lycra, le tout = 21kg !
    . La compétition se rapprocherait de la tendance actuelle du light et on serait plus écolo au niveau bilan carbone.
    Le controle de poids est extrement simple à mettre en place par les organisateurs de compéte ou de circuit.

    blablabla etc…

    Bertrand C

  2. Salut Maxime,

    A propos du lest, j’avais proposé à la PWC de mettre une limite décroissant avec le poids du pilote.
    Le petit poids pourrait prendre 32kg (=matos+lest), le gros 25kg.
    Cela aurait aussi l’avantage de réduire la gamme des tailles.

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