Bon. Bon, bon, bon… Depuis des mois je rêvais de ce voyage. Une nouvelle destination, un continent inconnu, un espace de liberté, des animaux d’un autre type, des pilotes d’un autre monde. Je suis parti sevré de vol depuis 3 mois et ma 4ème place de la Coupe du Monde en Équateur. Sur place je me suis inflammé une épaule qui dans l’action me laissait voler mais au repos m’empêchait de dormir. Pendant les deux premières semaines itinérantes je me suis détaché, j’ai repris contact avec moi. Entouré de gentillesse et de bienveillance, le naturel des relations et de la vie quotidienne ne s’est pas interrompu pendant la dernière semaine de compétition. Au final, j’ai été comblé.
De la poule et de l’œuf
Cette paix intérieure a fait grandir ma confiance. J’ai amélioré mes résultats de jour en jour. Je pouvais jouer avec les conditions et mes camarades de vol. J’étais de plus en plus efficace en thermique ou en cheminement. La certitude d’être capable de bien faire, la certitude de bien faire, se sont ancrées en douceur. Je prenais peu de risque tactique, seulement au juste moment, et toujours pour me replacer dans la zone décisive de rentrée au but. Je n’ai pas toujours été le plus efficace, cependant toujours en possession de mes capacités et très rarement dans la difficulté, toujours au but. La confiance nait-elle de la réussite, la réussite nait-elle de la confiance?
Ce sont toutes deux des récompenses, les filles de mon parcours. Je suis fier de mon parcours. J’ai traversé des épreuves. J’ai toujours fait preuve de résilience. J’ai pu et su m’appuyer sur mes compétences et mon caractère. De longue date, je l’ai prouvé. Je n’ai plus à le faire, car je le sais. Est-ce une résurrection, une renaissance, une revanche, comme j’ai pu le lire ou l’entendre? Serais-je vraiment revenu de nulle part? Ces résultats seraient-ils des surprises? Vous pouvez le croire, c’est votre droit. Vous avez aussi pu confondre sensibilité et fragilité. Je vis cette expérience comme un retour aux sources et à l’essentiel, lesquels m’avaient échappé.
Carton plein
La première manche a été très rapide. La deuxième magnifique. La rentrée au but de la troisième inoubliable. Et les sensations au sauvetage puis au bouclage de la quatrième intenses.
Je finis deuxième au général, premier par team avec l’équipe Ozone (merci à eux de leur confiance) pour laquelle j’ai marqué à toutes les manches, premier par nation (la France!) pour laquelle j’ai marqué à toutes les manches également. À noter que, sur cette compétition, le Japon, la Corée et l’Australie avaient un bataillon de pilotes plus important que le nôtre.
Nous plaçons 4 Français dans les 5 premiers avec la démonstration d’Honorin (un pilote qui pèse autant que son palmarès et sa simplicité) et les excellentes performances de nos nouveaux top pilotes Loïs (19 ans!!! déjà le permis de conduire en poche, ou sous sa casquette, et une énorme marge de progression sans rapport avec ses marges de sécurité tactiques évaluées à 60 cm horizontalement et 2 m verticalement) et Simon (un vieux de 20 ou 21 ans qui confirme son statut senior). Accessoirement Méryl gagne le classement féminin (est-ce bien cela qui la chatouille?), l’extraordinaire devient normal, il faudra vous y habituer rapidement (on se fait vite au 7 en moins sous son aile dorénavant numérotée 10 qui inspire le respect).
Bref, nous avons fait une grosse razzia frouze au pays des kangourous assortie d’un énorme plaisir de voler et vivre ensemble.
Parapente Performance
À titre personnel j’ai été régulier avec deux top 15 et deux top 5, sans aucune manche à vraiment discarder, prêt et motivé pour en faire d’autres. Je termine derrière un Champion du Monde et d’Europe et devant tous les autres participants à la dernière super finale. Devant tous les autres participants de cette compétition en fait!
Un peu plus de pratique ne me ferait certainement pas de mal, surtout pour bien engager mes débuts de compétition. De même qu’un nouvel accélérateur et un nouvel instrument de navigation. Mais ce n’est pas important, je suis content de la manière comme du résultat. Je reviens avec un deuxième A, quelques breloques, une nouvelle qualification pour la prochaine super finale si l’envie me reprend de la faire – cela dépendra du site retenu, de mes priorités et d’autres facteurs hors de mon contrôle – et surtout: la banane!
Le royaume des vivants
Je rentre à la maison et redescends sur terre. Quoique mon esprit n’a jamais vraiment plané. J’étais simplement bien en l’air, avec les pieds bien posés au sol. Je m’épanouis sur la terre comme au ciel, amen. Je rentre retrouver la chaleur de mes proches, et leur proposer la mienne. Pour entendre mon fiston s’exclamer « Oh my God! » en me voyant arborer médailles et trophée, ce qui me met la larme à l’œil. La même chaleur qui m’habitait alors que j’affichais un sourire figé pendant la remise des prix, lequel masquait une jubilation intérieure. La même chaleur qui a régné dans notre groupe au cours de la semaine et s’est libérée pendant l’after de la remise des prix, pleine de joie naturelle.
J’ai fait quelque chose, en Équateur et en Australie, au dernier Championnat de France aussi. Chacun de ces instants est une éternité. C’est fait et c’est déjà du passé.
La ligne d’horizon
Je ne sais pas trop de quoi sera composée la suite, sportivement parlant. La saison de cross approche et je vais gérer mes disponibilités pour les belles journées. J’aimerais refaire le Airtour. Ce sera la première semaine de juin. Si cela vous motive, contactez-moi en privé (ici si vous n’avez pas mes coordonnées), je cherche à monter une équipe d’assistant(e)s. Je vais soigner mon épaule et faire un ou deux trails pour me préparer. Et puis peut-être en septembre la Coupe du Monde en Turquie qui aura lieu sur un site que je ne connais pas encore.
Mon présent est fait de nouvelles relations et de nouveaux projets. Ils ne manquent pas: coacher les kiwis qui cherchent à s’organiser, idem pour la nouvelle génération d’Autrichiens, enseigner le niveau noir aux anglophones, répondre ou pas aux propositions de prise de licence à l’étranger (tourner le drapeau d’un quart de tour antihoraire et enfiler une tunique orange?), faire avancer mes idées en Asie… Peut-être rien de tout cela.
Un projet immédiat que j’ai lancé cette semaine est la traduction de mon livre en anglais. Cela ne me rapportera pas un radis, cela ne me rendra pas écrivain, mon ego n’en sera pas décuplé. J’espère et je crois simplement que cela sera utile à plus de pilotes en recherche d’outils pour progresser.
Prenez soin de vous et de vos proches. À bientôt!
PS: 24 heures d’avion, cela laisse le temps d’écrire, n’est-il pas? 😀
Un grand merci aux 24h de vol pour te donner l’occasion d’un post comme celui là!
Bravo pour tes résultats, mais surtout pour ton regard et tes analyses.
Bonne route à toi
Un grand merci Maxime pour tes articles et celui-ci en particulier.
Et toi, prends son de toi !
Merci pour ce partage et ces chouettes explications tout au long de la compétition !
Un petit pioupiou
Un bilan qui fait plaisir à lire !
Un immense bravo Maxime pour ces résultats amplement mérités et qui aspire qu’à du respect.
C’est toujours un plaisir de te lire et de profiter de ton retour d’expérience.
take care of you !
respect mon chère, très humble très bonne explication de la vie sportive oui le mental et voler le plus possible en toute sécurité, merci pour ses conseil.