Je vous propose une nouvelle formule: le digest des faits marquants, pour ce qui me concerne, de la semaine passée. Celle-ci a commencé par deux jours de vent fort ce qui m’a donné l’occasion d’aller découvrir l’arrière-pays en pédalant ou en courant.
Mardi 06/09/16, course au but de 79 km
La journée est marquée par du vent d’Ouest forcissant et des conditions de niveau 2 assez constant. Je commence ma compétition par un start bien placé sans être perché. Plusieurs options qui guident la suite du parcours sont possibles en début de vol. Je prends le trait, droit sur la balise. Ce qui me donne le temps de corriger en vol les paramètres du start que j’ai mal saisi sur mon Compass.
Après une dizaine de kilomètres, je ne passe pas au vent de la montagne de Coupe. J’ai quitté mon thermique et mon groupe trop tôt, mon impatience à rattraper les pilotes ayant pris une autre option me flingue la suite. Laquelle commence par 45 minutes de machine à laver pour ressortir et faire le tour du Cucuyon et du Couard.
J’hésite même à abandonner mais je poursuis le vol libre sur le parcours. Je boucle avec une heure de retard. Mais en fait je ne boucle pas. J’ai mal saisi dans mes deux instruments le rayon de la dernière balise à 15 km du but. Je ne pouvais rêver pire début de compétition. Peut-être ai-je fait un peu trop de cauchemars la veille en culpabilisant d’avoir déserté le bureau en cette période de rentrée.
Mercredi 07/09/16, course au but de 117 km
Je tourne en rond au décollage. Je n’ai pas vraiment envie, je suis habité d’une dose de stress avant de décoller. J’observe un flux de Nord-Est en altitude, bien humide, plutôt prometteur. Pour me réconcilier avec moi-même je fais un vol tranquille au plafond pendant l’attente au start, tout juste turbulent pour percer la couche d’inversion.
Nous fonçons d’entrée sur un grand planeur au bout de la Sapée qui s’enfuit avec son thermique. Je reste sur zone pour travailler l’ascendance et passer Coupe en direct. Les premiers s’échappent par le Couard. Je les poursuis. Au plafond à Oraison je reviens vers Digne sur de bonnes lignes. Je fais la course, un peu seul. Puis le regroupement s’opère à Authon avant le retour sur Saint-André. Je navigue bien aux nuages et lâche mon groupe pour chasser les premiers avec un retour par le Cousson. C’est une erreur, les lâchés reviennent, ça tamponne à Coupe.
Il faut que je finisse dans le groupe. Pour bien faire j’aurais dû prendre le point optimisé pour le dernier point à l’Aup. Tant pis pour le high score, je suis dans les 15, rassuré. C’est en suivant ma lecture du ciel et de la manche que j’ai pu rattraper. Il me reste à faire le nécessaire pour remonter dans le top 20 sans prendre de risque en comptant sur 4 manches de compétition pour éliminer ma première grâce à ce système de discard. Je ne l’aime pas mais je vais essayer de l’utiliser.
Jeudi 08/09/16, manche stoppée
Nous avons un vent de Nord-Ouest marqué qui rend le décollage tonique. La fenêtre est ouverte au plut tôt, pour une longue période, afin que chacun puisse se mettre en l’air. Je suis déterminé, prêt à attendre le start pendant 1h30 en l’air, prêt à trouver mon chemin en l’air sans plan de vol établi, prêt à suivre mon instinct (et les pilotes plus rapides que moi!).
Je fais le choix d’un décollage au plus tôt et je profite de conditions douces, du pur soaring. Mais quelques problèmes surviennent au décollage et la manche est malheureusement stoppée avant le start. J’aurais compris qu’elle le soit plus tard à cause d’un vent forcissant sur le parcours mais là je ne pige pas trop. C’est comme ça. Je profite de l’occasion pour me relaxer et me balader pendant une heure de vol.
Vendredi 09/09/16, course au but de 105 km
Les orages seront là demain. La compétition est donc foutue pour moi, il n’y aura pas de quatrième manche, échec. Peut-être que mon classement de la dernière super finale suffira à me qualifier pour la prochaine. Je n’aurai pas de lettre pour le circuit coupe du monde de l’année prochaine. Fin d’un chapitre. Je suis motivé pour profiter pleinement du vol de cette dernière manche.
Je fais quelques bons cheminements en observation à la queue du groupe sans jamais me mettre dans le rouge. Ma trace est une bonne option perso en direct sur Digne puis le Blayeul. En revanche je suis un peu impressionné par les grosses conditions et les 7 m/s soudains qui me propulsent à 3200 m. Du coup je manque de push à partir de là et jusqu’à la ligne à Laragne. Encore une fois tant pis pour les gros points, je finis dans les 20 et remplis mon contrat.
Samedi 10/09/16, manche stoppée
La matinée est plus belle qu’attendue après les orages de la veille au soir. Je suis content de monter au décollage, heureux d’essayer de lancer une manche mais alors déçu de chez déçu du dessin de cette manche. Mes amis François et Julien du comité de pilotes me pardonneront, c’était une manche débile. Certains apprécient ce genre de trip, ce n’est pas mon cas et je le trouve dangereux.
Mon objectif est de poursuivre ma remontée au général. Je commence par me faire coincer du mauvais côté du nuage et prends le start avec 2’45 » de retard. Sur une manche comme celle-là c’est grave. La suite est une séance de push poulie/poulie cadencée par des virages aux balises sans rien enrouler, le temps que les congestus commencent à vaser au Nord, à l’Est et au Sud, et que la manche soit stoppée au bout de 55 minutes, donc ne compte pour rien. Nous allions battre le record de vitesse moyenne d’une manche sur parcours fermé, et ce n’aurait pas été une réussite.
La compétition et la saison sont vraiment terminées cette fois-ci, j’ai fait ce que j’ai pu, je fais attention pour rentrer me poser au sec avant les rafales.
Conclusion
Je réunis 4 pistes pour conclure cette semaine par des axes de travail:
- Facteur interne contrôlable: ma gestion de la première manche a été catastrophique, que ce soit la gestion du groupe en début de manche ou l’erreur de débutant avec mes GPS. La contre-performance tactique me coûte une bonne quinzaine de places au classement général final, la boulette technique une dizaine de plus. Je suis encore étonné de ce ratage qui m’est totalement inhabituel.
- Facteur interne pas hyper contrôlable: ma capacité de push dans la turbulence n’est pas énorme. Je n’ai plus le même engagement que dans le passé, je le compense par d’autres qualités. Mais clairement il faudrait que je retourne à l’entrainement pour augmenter ma vitesse de croisière dans la tabasse et ma confiance dans ces situations.
- Facteur externe non contrôlable: je ne peux rien à l’annulation de la troisième manche à cause des conditions au décollage, sinon l’accepter.
- Facteur externe peut-être contrôlable: vu le dessin de manche débile de la dernière journée, il me faudrait retourner dans les comités de pilotes pour que de telles choses ne se reproduisent plus.
C’est bien beau de soustraire des nombres de places. Cela ne veut pas dire que j’aurais pu gagner cette compétition, ou une autre. Cela montre que j’avais une stratégie à peu près adaptée à mon objectif et que les bons résultats sont guidés par les capacités à minimiser les erreurs puis à savoir les surmonter. En contrepartie, ce n’est pas très joli d’additionner des points négatifs. Mais cela donne des idées pour la suite!