Après un peu plus d’une semaine à Valle de Bravo et 5 manches courues je vais dresser un petit état des lieux. Commençons par ma performance, c’est le plus simple. Je suis plutôt content de mes débuts avec une montée en puissance régulière. Malheureusement j’ai deux bémols. Le premier est que j’ai peut-être fixé des résultats par manche un peu trop bas pour atteindre mon objectif final, le niveau de distribution de points étant assez généreux (j’y reviendrai plus tard). Le second est qu’à la 4ème manche il ne fallait pas rater cette distribution de points à la Jacques Martin et que j’ai commis le pêché d’excès de confiance après mon début de compétition satisfaisant dès le premier thermique avant la B1, je n’ai plus revu personne du reste de la manche.

Maintenant abordons d’autres sujets. La planète compétition du parapente marche décidément sur la tête et je ne parviens pas à influer le cours des choses. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais je ne suis pas un politique, les trucs qui me paraissant évidents mais ne sont pas compris me laissent pantois, je n’ai pas la souplesse d’esprit et de méthode pour jouer aux jeux de basse-cour.

1000 points pour tout le monde en PWC

Hier nous avons fait une manche sous un ciel bâché. Il y avait hésitation entre deux parcours. L’un un poil ambitieux direct en plaine, l’autre plus au relief, Saint-Hilaire Style. Le DE est parti sur le premier parcours en course au but alors qu’il me semblait plus sûr de prendre le second parcours en temps mini. Peu importe il faut faire avec ce qu’on nous propose. Par un miracle de la nature locale la première moitié des pilotes décollés arrive à prendre un plafond au start à 3200m pendant que les autres végètent devant le déco ou posent en-dessous.

Nous partons alors pour un glide de 20km. En bout de glissade deux options: d’un côté un village, des oiseaux, une butasse, une tâche de soleil qui incitent à se battre, survivre pendant 30 minutes et à tenter de sortir ou alors l’option vent de cul dans les ravines pour couvrir de la distance. Devinez qui marque des points à ce petit jeu débile et dangereux? Celle-là est facile et je m’en veux car j’ai cru que cette manche ne scorerai pas ou rien. D’où la deuxième question: combien vaut une fléchette de 25km sachant que 5 minutes de retard après 120km coûtent 100 points? Et bien les paramètres trafiqués du GAP il y a 2 ans pour avoir des manches à 1000 à tout prix et pouvoir utiliser des discards attribuent plus de 500 points à cette plaisanterie.

Je m’en veux terriblement car je serais parti en glide au bout de ma survie au lieu de poser dans un village, j’aurais récupéré pas loin de 100 points supplémentaires et entre 15 et 20 places au général. Les manches en distance et les manches stoppées sont un problème éternel à scorer, d’autant plus si on utilise des paramètres GAP indignes d’une B à la Réunion (pardon mes amis, pas d’offense de ma part ici). Soit on décide de ne plus les scorer, soit on introduit le temps de vol pour récompenser ceux qui se battent et pas les assoiffés de points qui se jettent sous le vent des crêtes dans les canyons.

1000 points pour tout le monde en France

Ce matin j’apprends que notre DTN recommande la séparation des EN-D en deux sous-classes afin de créer 3 catégories de classements (A/B/C, D-, D+) dans les épreuves françaises de 2012. Elle tombe les 2 pieds joints dans le piège de la démagogie. Avec les filles nous aurons donc 6 classements sur chaque compétition. Organisateurs, raccourcissez la manche du dimanche et prévoyez un peu de temps et du budget pour les 6 podiums. Je suis curieux de savoir ou va tomber la Boom Cross, tiens. Bref, comment créer de problèmes là où il n’y en a pas. Tu veux être un champion? Fais du parapente, tu trouveras bien une catégorie pour devenir le dieu de ton village!

Et ces nouvelles voiles qui viennent de sortir mon dieu qu’elles doivent être dangereuses, ouh là là. Et si tous les pilotes de l’équipe de France volent avec, quel intérêt aurais-je donc à essayer de les battre avec les mêmes armes. Bien sûr qu’il y a une marche en performance et comportement entre une Peak 2 et une Icepeak 6, idem dans les autres marques, mais ce n’est plus le fossé qu’il y avait avec les open class qu’on trouvait régulièrement en Régionales B. Et croyez-moi, j’ai passé 120km avant-hier à essayer de larguer un japonais et un espagnol sous Peak 2, c’était l’histoire du sparadrap de l’Affaire Tournesol. La limitation en vitesse de nos machines est une excellente chose et permet la comparaison.

Vérifications

Nos politiques ont voulu nous faire voler avec des voiles homologuées. Bien. Les constructeurs ont sorti des voiles homologuées. Bien. J’ai déjà eu l’occasion d’exposer mon point de vue. Nous volons donc pratiquement tout le temps soit bras haut, soit poulie/poulie. Ces nouvelles voiles ont une polaire très plate et un comportement sain, solide et facile à appréhender. Sauf que nous sommes maintenant au taquet à plus de 50% du temps en transition et que les parapentes continuent à fermer, quelle surprise.

Quant aux vérifications, évidemment nécessaires quand on veut utiliser du matériel, parlons donc de cette blague. Tant au Championnat de France que sur cette Super Finale nous n’avons eu le moindre contrôle de nos machines. Même pas un simple contrôle de poids. Les voiles passent les tests bras haut et accéléré. Le vol accéléré est mesuré par différence de débattement entre le maillon A et le maillon B. Pour autant le PMA ou aucune autre organisation de régulation des constructeurs n’oblige à mettre une simple bride entre A et B à la dimension mesurée lors de l’homologation. Donc c’est la porte ouverte au pivotement des poulies ou à la traction manuelle des A et à tous les débats sur tous les forums du monde. Également, aucune vérification que les élévateurs, les diamètres et longueurs de suspentes des voiles qui ont passé les tests quelques jours ou semaines avant l’évènement en cours sont bien ceux qui ont passé l’homologation. Bref, tout le monde s’en fout et personne ne veut mettre le nez dedans. Denis a bossé 2 mois sur un protocole pour s’entendre dire au final « ça ne marchera jamais »…

FT quoi?

Et tant pis si personne ne comprend rien aux discards, encore moins au FTV. Qui voudrait que le public suive nos performances? Pourquoi voudrait-on récompenser les pilotes réguliers? Que de questions idiotes. J’ai passé des heures à expliquer le fonctionnement des GPS je peux bien continuer à me prendre le chou pour tenter d’expliquer le fonctionnement du FTV. Au moins aux pilotes. J’espère juste que ma famille ne me posera pas la question. Jean-Jean a enregistré une explication verbale de quelques minutes qu’il devrait mettre en ligne sur le site du Team ABAC. J’avais dans l’idée de le transcrire ici mais finalement ça me saoule et ce n’est pas mon boulot.

Du repos

Nous avons appris hier que l’organisateur avait décrété que le jour de repos serait le mardi (demain) et que nous devions courir 6 manches de suite pour cela. Donc il nous a envoyé dans la nuit hier et prévoyait de nous envoyer sous la pluie aujourd’hui. Heureusement un peu de raison semble être revenue. Cependant aujourd’hui nous étions convoqués comme un jour normal, pour au final entendre que la manche n’est pas annulée mais que la journée d’aujourd’hui est le fameux jour de repos. Tant pis pour la grasse matinée, adieu petit-déjeuner copieux au calme sur la place du village.

Cela me donne tout de même l’occasion d’écrire quelques mots ici pour me vider la tête et décompresser cette après-midi. J’aurais surement d’autres sujets pour râler mais la dose du jour que je vous administre est déjà bien chargée (j’ai encore en stock, par exemple: les conneries lues sur les forums de toutes langues, l’absence continue de rapports d’incidents…). Ça va mieux maintenant, maintenant je vais essayer de profiter de ce « rest day »! Enfin, jusqu’à 18h, car je suis convoqué pour une réunion du Comité de la PWCA, je sens que ça va donner.