Dans l’ordre des choses

C’est l’heure du dépouillement en ce beau dimanche pluvieux puis orageux. La sécurité vous intéresse: 150 réponses reçues ce matin, un grand merci à tous les participants. Très peu de non-pratiquants ont participé, 5 seulement (il faut croire que ce blog est un peu trop ésotérique). Cette modeste étude sera donc centrée sur les pratiquants. Les niveaux d’expérience que j’ai proposés n’étaient pas assez fins et ne permettent pas de créer des classes homogènes. La classe centrale "bonne expérience pratique" regroupe plus de 60% des votants à elle seule. Difficile donc d’exploiter les données sous cet angle. Bonne nouvelle l’équilibre est bon entre les populations "pratiquant loisir" et "pratiquant compétition". Ils ne sont pas représentés en proportion égale de la population totale mais au moins ils sont significatifs.

La fiabilité des résultats me semble correcte. En moyenne, chaque participant a 71% de ses réponses en accord avec les choix collectifs. L’écart-type est à 14% ce qui n’est pas mal non plus. 3 participants ont un taux d’accord à moins de 25%, peut-être des iconoclastes, des pirates ou des victimes de mon manque d’explications… et 3 participants sont à 93% d’accord avec la moyenne (vous ne voudriez pas vous faire élire à la prochaine élection du CD de la fédé pour nous représenter?). L’ordonnancement des facteurs ne présente pas de triangle de Condorcet (ce sondage permet de générer des votes tels que A>B, B>C et C>A). Nous avons un classement clair.

L’Inexpérience se dégage nettement comme facteur principal. Ce facteur est cité dans 80% des cas où il peut l’être. En confrontation directe avec son second, l’Inattention, il est choisi par 73% des votants. C’est LE facteur clé dans l’esprit des parapentistes.

Ensuite les facteurs se tiennent en couple, dans cet ordre: Inattention et Challenge, Environnement et Émotivité. Il sont cités dans plus de 50% des cas où ils sont proposés au vote. En confrontation directe l’Émotivité est mise en avant par rapport à l’Environnement mais reçoit moins de suffrages en total de citations. Les pratiquants compétiteur ont les mêmes classements que l’ensemble, les pratiquants loisir citent plus fréquemment l’Émotivité. Restent 3 facteurs à moins de 50%: Forme physique, Matériel et Encadrement. Dans l’esprit des pratiquants, ces facteurs ne sont certes pas négligeables mais loin d’être prioritaires.

Par rapport aux sportifs d’autres disciplines étudiés dans l’article objet de mon billet précédent les faibles écarts par rapport à nos résultats trouvent des explications faciles, mais qu’il conviendrait de ne pas négliger dans notre démarche:

  • Nous pratiquons un sport à faible intensité physique, la Forme physique est moins présente.
  • Nous pratiquons un sport de pleine nature, l’Environnement est plus présent.

Après les 80 premiers votes une distinction s’opérait entre "pratiquants loisir" et "pratiquants compétition" sans pour autant chambouler totalement l’ordonnancement. Les "pratiquants compétition" mettaient plus en avant le Challenge alors que les "pratiquants loisir" distinguaient Inattention et Émotivité. Mais ce n’est plus le cas. Cette distinction a progressivement disparu et j’en ai été étonné. Les classements des 2 populations sont pratiquement identiques au final.

Les pilotes à "grosse expérience pratique" ne départagent pas les 4 premiers facteurs qui forment une boucle, peut-être par manque de votants. Eux non plus ne remettent pas en cause le classement de la majorité des pratiquants.

Notre communauté partage donc un large consensus sur l’importance relative des facteurs d’accident. Dans l’ordre des choses, le principal d’entre eux est nettement l’Inexpérience. Quand on parle de l’expérience d’un pilote il s’agit certes de son temps de vol de total, mais également sa formation technique, ses acquis pratiques et théoriques, son adaptation à son matériel, sa connaissance du site… Le pilote par ses actions et ses décisions est au centre du problème des accidents et de leur prévention.

La question à traiter maintenant est: comment gérer cette inexpérience dans les compétitions.

Voici quelques idées, les vôtres seront les bienvenues:

  • Former les pilotes à la compétition?
  • Réduire le nombre de pilotes dans les épreuves pour réduire la disparité d’expériences?
  • Adapter les parcours aux pilotes présents les moins expérimentés?
  • Créer un niveau d’épreuves intermédiaires pour une meilleure homogénéité des expériences: A pour 1-100, B pour 50-250, C pour 150 et au-delà?
  • Accepter les pilotes dans une catégorie non seulement en fonction de leur niveau de résultats mais aussi en fonction de leur expérience globale, de leur connaissance du matériel, de leur connaissance du site?

En attendant vos points de vue je prépare un prochain billet sur les analyses d’accidents.

5 réflexions sur « Dans l’ordre des choses »

  1. lisant tes billets dans l’ordre, j’ai participé au sondage sans savoir qu’il était clos. 🙁 Peut être qu’en laissant les gens revenir de vacances tu aurais plus de participations, donc des résultats encore plus fiables?
    Il est ‘rigolo’ de voir à quel point tout le monde plébiscite l’expérience et donc quelque part la formation, pour constater sur le terrain une absence quasiment totale de mise en application de ce constat. En tout cas dans mon club et auprès des pilotes qui viennent dans mes stages cross. Une très faible minorité de pilotes font l’effort du gonflage ou d’exercices ludiques et pédagogiques lors d’un plouf ou d’une fin de vol tranquille.
    Pour ce qui est de la compétition, je crois que les propositions ne manquent pas. Il reste à trouver les DE et les bénévoles sur le terrain, certainement le plus gros écueil!

  2. Perso j’aime bien la proposition 2, et surtout la 4, qui me rappelle, oh ironie, le système A / B / B access… On remet chacun à sa place et on ferait fi du classement permanent? :)))

    Encore une fois, le temps mini reste me semble t il le meilleur moyen, en plus des 2 propositions ci dessus, de limiter les problèmes. Moins de pilotes au même endroit, plus de diversité de chemin, mise en avant du travail en équipe, early bird, etc. Et surtout prise en compte de l’aspect évolution météo, qui est quasiment omis dans la course au but. Or le meilleur pilote se définit aussi par sa qualité d’analyse…

    Encore une fois, j’ai l’impression que les solutions auxquelles nous risquons d’arriver sont celles des planeurs il y a plus de 15 ans…

  3. Désolé et pas de souci Nico. Il y a déjà 50 réponses de plus depuis mon analyse, soit un total de 200. Je vais laisser passer un peu de temps avant de mettre à jour les classements. Il faudrait surtout que je trouve une idée pour faire participer à ce sondage des non pratiquants.

    Maxime

  4. Salut Max
    Je viens de remplir le formulaire. Et en voyant, ce post, j’ai la réponse à la question que j’ai laissé sur l’autre. J’aurai cru que l’émotivité avait le lead.
    Je suis assez en phase avec les propositions que tu fais à propos de l’inexpérience en compétition.
    Pour mon cas, avant de penser aux risques, j’aimerai savoir ce que pourrait m’apporter la compétition. Histoire de trouver la motivation avant d’évaluer les risques 😉
    Quelques pistes pour un inexpérimenté ?
    Jérôme

Les commentaires sont fermés.