Nous avons bien eu une manche aujourd’hui: 29 km! Dans un vent de 30km/h c’était passionnant. Et pourtant je suis bien dépité. Car je me troue au retour de la B2, rien du plafond jusqu’à la plage. Surconfiance et mauvaise gestion de mes nerfs avant le décollage. Vous vous souvenez de Murakami? Et bien aujourd’hui je me suis battu contre les autres, je me suis oublié. L’annulation de la manche d’hier m’aura donc coûté 1500 Euros. C’est bien la première fois que je peux mettre une valeur sur un fait de course. En parlant de valeurs, il y a 3 ans en arrière, quand j’ai commencé à chercher des moyens de progresser, j’avais inscrit 4 valeurs importantes à mes yeux: travail, respect, volonté, passion. Et derrière « respect »: respect des autres, des conditions aérologiques, du relief, de moi-même. A cette heure, quand je regarde ce qui m’entoure, j’ai de gros doutes sur mon envie de poursuivre dans ces conditions.
Avant-hier une ligne n’est pas donnée à un pilote, à la suite d’un protêt, avec l’appui d’images vidéo. Sur la vidéo le pilote ne franchit pas la ligne. Mais il paraît aussi qu’il existe une photo où le bout du cocon est posé sur la ligne. Tout ça pour une ligne posée au sol de travers, sur un point GPS pas forcément identique à la balise. Le pilote a déconné, c’est sûr. Mais de là à se tirer dans les pattes, pour un prize money supplémentaire de 25 Euros par tête de pipe, ou bien même pour régler de vieilles rancoeurs, tout ça dans un sport désargenté, franchement ça me dépasse. Quand on sait que dans le foot des milliardaires l’arbitrage vidéo n’est même pas utilisé, je suis médusé. Parce que bien sûr si la manche d’hier avait été validée, un protêt me pendait au nez pour vol dans les nuages! Pas si con que ça d’avoir fait mes photos pendant le start…
Pour une fois, je n’ai pas attendu d’être refroidi par l’eau de la piscine pour écrire mon billet. J’en ai un peu gros sur la patate. Je vais quand même y aller, sous les gouttes de pluie, dans la piscine. Je vais essayer de redescendre en température pour tout de même redescendre à la remise des prix. Avec les blocages de route par les grévistes, ce n’est pas gagné d’avance.
J’allais oublier de vous parler de mon attéro: tout le monde annonce donc niveau 1 dans la radio alors qu’un pilote est évacué vers l’hôpital après avoir impacté sous secours et que je suis à 150m d’altitude, en soaring au-dessus des maisons de Saint-Leu avec mes camarades Simon et Erwan (pas glop le team ABAC aujourd’hui!). Après une bonne trentaine de minutes de patience et d’attente d’un cycle je me prends une bonne claque qui se conclut par une petite cravate que je n’arrive pas à dénouer. Impensable de décrocher la voile, le terrain de foot est trop loin, je dégouline, que faire? La ravine au-dessus de laquelle je dégringole n’est pas accueillante, pas de grand et beau jardin en ville, beaucoup de lignes, je vois bien une piscine mais bof, il me reste le pont de la ravine des Poux. Ressource pour passer le 4 par 3 publicitaire, la voile plonge puis m’embarque vers la ravine, il y a deux pylônes d’éclairage sur les extrémités du pont, virage pour ne pas me laisser déporter ni empaler, la plume touche un côté du parapet, dans mon virage je marche sur la partie verticale de l’autre parapet pour ne pas passer par-dessus bord, la voile pose en bord de fenêtre, je pose sur le trottoir, je laisse passer la voiture qui me faisait face…
Voila, il faut que je refroidisse et élimine tout ça. C’est pas des vacances, ça. Pas sûr que je publie tout de suite un billet de conclusion. Il y a certainement d’autres moyens que ce genre de compétition pour se faire plaisir dans le vol libre. Je vous tiendrai au courant.