Pour connaître ses limites, il faut bien les dépasser. C’est une de mes expressions de référence. Ou pour reprendre celle plus positive de Christophe, pour dépasser ses limites il faut d’abord apprendre à les connaître. Sur ce plan la semaine a été riche en enseignements. J’ai privilégié l’attaque à outrance, je me suis fait plaisir, j’ai ressenti l’exaltation de voler dans le groupe de tête et même parfois devant lui. J’ai ressenti le frisson d’être en position de remporter une manche de Coupe du Monde.
J’ai donc atteint 2/3 des objectifs qualitatifs qui étaient mon axe de travail de la semaine:
- Voler devant: ça, c’est fait.
- Oublier les autres: ça, c’est fait.
- Rester concentré sur toute la manche: là il y a encore du boulot. Par exemple, dans la manche 4, ma dernière pensée au sommet du dernier thermique avant de poser a été « je peux gagner une manche de Coupe du Monde ». Et comme par hasard je foire la transition qui suit et pose dans la foulée. J’avais bien cette pensée en tête depuis quelques kilomètres mais je la contrôlais, et là elle m’a échappée, et la manche aussi…
Et je rajouterai: se faire plaisir, aux 2/3 aussi, car il a manqué le bouclage des manches sur lequel j’avais été régulier toute l’année.
Pour ce qui est des objectifs quantitatifs, qui n’étaient pas du tout ma priorité, c’est un 0% pointé:
- Finir dans les 30 de la compète: raté.
- Faire une bonne manche: raté.
Je ne finirai pas non plus dans les 100 premiers du classement PWC sur l’année. J’aurais pu le faire en gérant différemment cette semaine en Argentine, mais ce n’était pas vraiment un objectif. Comme ça je pourrai garder mon numéro 447 l’année prochaine, cela m’évitera de vilaines traces sur mon intrados.
Je dispose d’une bonne machine, et même d’une excellente machine. J’ai effectué sur la demi-douzaine de vols de nouveaux réglages progressifs de mon cône de suspentage. Et maintenant je monte mieux, je tourne mieux, je vole plus vite, mon bord d’attaque est plus solide plus longtemps.
A l’issue de cet entraînement en grandeur nature je reviens débarrassé de tout complexe d’infériorité. Ce qui me permet de mieux identifier ce que je dois travailler, d’une manière plus objective. A part dans le plané final et les thermiques tordus je n’ai pas d’énorme lacune par rapport à la quinzaine de pilotes de référence. J’ai également manqué d’observation et de concentration à des moments clé. Mon comportement en vol, c’est-à-dire la tactique développée par rapport à mes objectifs, n’était pas adapté aux conditions, sauf dans la manche 4 que j’aurai dû gagner. La concentration totale qui est requise à ce niveau m’a fait défaut. Pour la suite je devrai modérer mes ardeurs, sans les éliminer complètement, contrôler mon envie de voler devant et surtout de souvent voler seul, de garder cela pour le cross.
Les qualités à développer me sont connues, il n’y a plus qu’à les travailler.
Maxime, rentre à la maison tout de suite, faut qu’on cause !
Je me suis bien amusée à lire tes billets journaliers. De notre côté, on est un peu fâché aussi contre l’Argentine qui nous a mis une bonne branlée en petite finale. J’espère que tu nous ramènes de belles photos et peut être quelques vidéos.
Bon retour !