Un petit dernier pour la route

Dites donc, rien de publié ici depuis un moment? Il faut dire, j’aime vraiment mon dernier billet sur l’Australie. Et puis ce que j’ai pu faire en vol ensuite, Mosel Open, vol de plaine, Airtour (ah non, là, pas de vol!), PWC en Italie, je l’ai fait d’abord pour moi, pour me balader, rencontrer du monde, profiter des voyages. Bien entendu, j’ai plein de brouillons rédigés de-ci de-là mais rien de suffisamment inspirant pour que je publie. La fin de semaine dernière m’a inspiré, alors voici une nouvelle petite aventure en parapente!

Un petit dernier pour la route

De l’importance de bien faire ses courses

J’avais décidé de prendre mon vendredi pour profiter de ce qui semblait être un bon créneau, et en fut un. Je dois me faire opérer de l’épaule droite début septembre et j’aimerais m’accrocher un dernier beau souvenir au cerveau avant une longue coupure. Mauvaise pioche, je suis rentré au bureau après cette sortie dès 17 heures, frustré et énervé. De dépit, sur le chemin du retour à la maison, j’ai fait un détour par la supérette pour me prendre fruits, légumes et une bière.

Force m’est de constater l’incroyable effet qu’une bière occasionnelle peut avoir sur la lecture des prévisions météo. Un effet Instagram qui sait rendre attrayante n’importe quelle image banale se pose sur les pages de meteociel.fr et velivole.fr qui semblent me faire les yeux doux. C’est Ok, j’y retourne samedi, hips, quitte à faire un but ou un plomb, juste pour le plaisir de la sortie, je n’ai pas envie de rester sur un échec avant un sevrage de plusieurs mois.

Un petit dernier pour la route

Samedi 7h30, je prends mon vélo de bon matin pour une balade de 30 minutes avec ma voile sur le dos pour retrouver Guido, Régis et Hugo à la Porte de la Chapelle, direction plein Nord vers le site de Mont Faucon. Ce sera une belle découverte, ce site, merci les copains! C’est forcément quand on ne l’attend pas que l’inattendu se produit. À tout hasard et par habitude aussi je rentre une route sur mon Oudie. Un point tous les 50 km et but à 420 km, n’ayons peur de rien.

Whizzz (le bruit du vent dans les oreilles)

Pas pressé je rate le premier cycle et patiente un quart d’heure à attendre une bouffe de face en regardant mes camarades s’extraire. C’est bien, cela me donne la frite pour mettre du rythme dans le vol pour toute la suite de la journée. Je rattrape tout le monde au bout de 30 km et c’est parti pour une chevauchée aérienne en territoire inconnu. Le ciel est à moi.

Un petit dernier pour la route Un petit dernier pour la route

Nous avons du vent du 230 toute la journée alors que je fais route au 90, et que nous espérions un ONO. C’est une lutte permanente pour ne pas déraper vers le Nord et ses zones aériennes qui me fait perdre 5 à 10 des 15 km/h de dérive. Mais cela me facilite les trajectoires en rentrant et sortant correctement des thermiques. Je fais attention à prendre la tangente des quelques hexagones bleus rencontrés chemin faisant. Globalement, les conditions sont excellentes et faciles tout au long de la journée.

De l’importance de la préparation du plan de vol

Au km 50 je signale en radio une activité parachutiste à la verticale de l’aérodrome d’Amiens (tiens, au passage, un autre avantage d’utiliser une radio en vol de groupe). Je m’efforce de ne pas les gêner. Au km 100 j’entends 70 km derrière moi l’équipe des Normands, Roberto, Hervé, Laurent. Cela me rappelle de bons souvenirs. Le voile attendu arrive gentiment vers 15 heures. Au lieu de calmer la masse d’air il la rend turbulente. C’est étrange. À partir de 16 heures tout est bleu derrière moi, il ne faut pas traîner tout en assurant. J’en perds Régis qui ne surfe plus dans mon sillage. Mon seul point bas arrive à 17 heures, au km 195, à 250 m/sol. En visant juste je trouve les bulles qui j’espère me porteront jusqu’aux 200. Pour le même prix je refais un plein, le reste sera du bonus.

Un petit dernier pour la route

Je prends la décision de ne pas pénétrer en Belgique. Je sais que TSA et autres TRA sont inactives et qu’on peut aller y jouer au Golf 1 et 2. Si les espaces aériens sont compliqués en France, ils sont imbitables en Belgique. Je pense aussi au retour maison et préfère rester dans une espèce de zone de confort en crabant le long de la frontière pour assurer la récupe tout en étant sûr de ne pas faire d’ânerie avec les espaces aériens. D’autant plus que le Luxembourg est dans tous les cas un mur invisible devant nous, encore plus contraignant que la Belgique, juste avant la limite des 300.

Partir, revenir

Dans la lumière rasante de la fin du jour, je suis seul au monde et profite de l’instant. Entre plaine cultivée et paysages boisés des Ardennes la vue est belle. Piedrahita me ramène à la réalité, 10 ans après mon œil droit perd de nouveau les couleurs. J’ai gardé ouverte la visière de mon casque trop longtemps. J’ai aussi eu froid toute la journée à force de rester au plafond à l’ombre des nuages, et ensuite à cause de la fatigue aussi, peut-être. J’aimerais vraiment rentrer chez moi ce soir, et pas trop tard si possible. Les villes deviennent des villages, qui deviennent des bourgs puis des hameaux.

Un petit dernier pour la route

Charleville-Mézières? Problème, un bon thermique se trouve sur ma route. Je l’enroule le regard vers le bas en admirant les méandres de la Meuse. Sedan? Nouveau thermique, j’observe la topologie étrange de la ville, mi-résidentielle, mi-industrieuse, ses gares de triage, son stade de foot. Carignan? Encore du thermique! Plus loin, la voie de chemin de fer se sépare de la route et oblique vers le sud, je ne pourrai la suivre. On dirait un parking d’auberge dans ce patelin. Je n’enroule plus et trouve un champ sans vache pour y faire la mienne à 19h15. Joli vol, j’ai mon souvenir.

Le vol fini, l’aventure commence

À Margut, après avoir plié vite fait en rase campagne, je constate que l’auberge a mis la clé sous la porte. C’est alors que la plus jolie inconnue qui m’ait jamais pris en stop me propose de vérifier le volume du coffre d’une Fiat 500. Et bien c’est pas pire, la voile rentre! Elle me dépose seulement 10 km plus loin, devant le restaurant dans lequel elle fait soirée filles. Fallait pas rêver. Deux heures de stop totalement infructueux plus tard et en l’absence de tout hébergement à proximité, je m’achète une pizza à emporter et vais monter mon camp de base dans l’abribus de la gare. Ah oui, parce que tout à l’heure j’ai raté le dernier train à 1 minute près. Ce sera matelas en Enzo 3 multispire, pyjama 4 couches fines avec gants, tour de cou en guise de bonnet de nuit, couette en pur sac de portage léger.

Un petit dernier pour la route

C’est fou l’activité nocturne d’une gare déserte au bout d’une impasse du fin fond des Ardennes. À minuit les loulous du coin décident d’aller fumer plus loin. À 1 heure d’autres zouaves décident d’aller boire leur bière ailleurs. Les rondes de gendarmerie de 2h30 et 4h00 décident de ne pas me secouer. À 7 heures le soleil apparaît, il est temps de lever le camp et prendre le train du matin.

Quand est-ce que ça s’arrête?

Quand un truc s’emmanche mal dès le début, pourquoi la suite serait-elle meilleure? Avant, j’avais le projet d’acheter une voiture électrique. Maintenant je veux la première voiture autonome pour qu’elle me suive à la trace quand je vole. En arrivant à Sedan un TGV ferme ses portes sur le quai opposé lorsque je sors du TER, juste avant que j’aie le temps de lire sa destination: Paris Est. Aucun bistrot n’est ouvert pour égayer mon petit-déjeuner pendant les 2h30 d’attente du prochain train. Mon second TER est immobilisé une heure pour une panne de signalisation. Je rate donc très largement ma correspondance à Reims et en reprends pour 1h30 d’attente. Comme par hasard, le bistrot de la gare de Reims ne sert pas à manger le dimanche midi. Mais je vous rassure, plus tard dans l’après-midi je retrouve enfin mon vélo sans aucune pièce manquante à la Porte de la Chapelle. Et ça, c’est peut-être le fait le plus étonnant du week-end!

Un énorme merci à Régis pour les superbes photos.

4 réflexions sur « Un petit dernier pour la route »

  1. Belle ballade …
    Le ciel était beau / les photos rendent bien.
    Bon courage pour l’épaule de Septembre.

  2. Beau récit comme d’habitude, promis la prochaine fois que tu viens je suis en radio, ça aurait pu servir sur ce vol. Merci de m’avoir bien boosté, super vol!

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