Je n’avais pas fait de stage SIV depuis au moins 5 ans, et donc aucun sous une deux lignes. À force de dire et d’écrire que ces stages sont des passages obligés dans une progression de pilote il était temps que je m’applique la consigne. S’il est toujours possible de poser la question de ma progression depuis 5 ans, en revanche celle de la progression du matériel ne fait aucun doute.
Invité par le pôle France pour la première fois après 8 années de SHN je n’ai pas laissé passer l’occasion. Malgré mon enthousiasme, en octobre, avec de la neige au décollage et quatre couches sur moi plus le gilet, je confesse n’avoir aucune envie de passer à l’eau. Mon objectif avec très peu d’heures de vol cette année est de poursuivre dans les variations sur le thème des activités aériennes et leurs plaisirs. Je ne viens pas perdre de la confiance en me faisant peur, je veux en gagner, gardant à l’esprit ma préparation pour la finale de la coupe du monde qui aura lieu en janvier au Mexique. Je ne souhaite pas abîmer mon matériel, je veux mieux le connaître. En fonction des objectifs et de l’expérience de chacun (Laurie, John, Julien, Louis, Fred et Tim) Fabien nous concocte un programme personnalisé aux petits oignons.
À vrai dire, le concept promu par Tip-Top n’est pas tant la simulation d’incident de vol mais bien le pilotage afin d’éviter ou de traiter les incidents de vol. Non seulement nos ailes ont évolué mais leur pilotage aussi. J’ai entendu et pris conscience d’instructions bien différentes de celles intégrées quelques années en arrière. Entre puissance, homogénéité, allongement et cocon les appuis sellette ont perdu de leur superbe face à l’action à la commande. Certes il reste bien des appuis sellette et mes aisselles sont marquées des petits effets de la force centrifuge. Ces appuis sont également trompeurs dans la mesure où nous nous gainons bien souvent en gardant les jambes tendues en appui fort sur le nez du cocon alors que nous ferions bien mieux de nous grouper en les pliant.
J’ai développé au fil des années de compétition un pilotage basé sur un contrôle permanent et des petites retouches continues. Là l’idée est d’avoir peu d’actions mais précises et amples, de laisser la voile prendre vitesse et puissance en sortie d’incident puis de stopper le mouvement ainsi que d’opérer un nettoyage de l’aile. L’exercice de base est le 360 avec sortie chandelle. Ce n’est pas bien compliqué, cela peut se pratiquer sur presque chaque fin de vol, et il y a du boulot pour être propre, voire la possibilité de s’en mettre une ou deux. Pour décomposer:
- une bonne prise de vitesse,
- une action commande nette pour sortir sur axe,
- une chandelle avec une seule action commande pour la correction de cap,
- une sensation de bascule arrière suivie d’un effet fouet,
- un siècle d’attente bras hauts pendant l’abattée,
- un freinage massif juste avant la frontale,
- le tout avec une perte visuelle des repères d’horizontalité.
J’ai compilé dans une petite vidéo les manœuvres, timides au début, mes 3 sorties foirées sur plus de 30 répétitions (la base de l’entraînement!), celles dans lesquelles on m’entend grommeler, et quelques exemples à peu près corrects.
J’avais branché le cardio pour ces runs, par curiosité. La courbe ressemble à un petit fractionné. Le palpitant monte puis descend à chaque chandelle, bien que je ne puisse pas bien mettre en correspondance la phase de la figure avec le rythme cardiaque. Progressivement je suis monté à 140 pulsations max, soit les 2/3 de mon amplitude. Ce n’est pas énorme, l’équivalent d’un footing, mais c’est bien plus qu’en vol « normal ». Le stage de pilotage c’est aussi bon pour les émotions et la perte de poids!
Avec la confiance construite au cours de cette journée j’aurais bien signé pour une deuxième à la recherche de nouvelles sensations mais la prévision météo nous a joué un vilain tour. Ce sera donc certainement partie remise au printemps prochain!