Aujourd’hui nous partons tôt en car pour une balade en montagne. L’organisation a trouvé parmi ses sponsors la caisse des remontées mécaniques de la vallée d’Alta Valsassina. Je sombre dans les ondes négatives qui entourent les Français: ce n’est pas le bon site, le vent est cul, les ailes en l’air sont scotchées, il y a des souches sur le déco, ça va être de la crête à mouettes à fond de barreau… Comme le fait remarquer justement Stef Loisy à la fin du briefing de l’entraineur: ça manque de joie de vivre! Il me et nous faudra une journée pour assimiler ce constat.
Le parcours est donc le long des crêtes et nous fait passer une demi-douzaine de fois devant le décollage. Je me bats contre le parcours au lieu de ma battre avec lui. Je ne comprends pas la tactique à adopter pour voler vite. Je pousse le barreau près du relief mais j’ai l’impression que cela ne sert à rien. Je ne sais pas s’il faut monter ou avancer.
Pour couronner le tout, j’ai droit à ma première collision en vol. Je suis en train d’enrouler à droite un thermique teigneux quand une voile arrive de ma gauche et pose mon cocon sur son extrados. Certainement effrayé le pilote polonais freine sa Magus. Je passe alors à travers la voile pour me retrouver pris dans le suspentage. Je ne lâche pas les commandes, je ne tire pas le secours. Je dégage la mer de tissu dans laquelle je suis pour voir devant, et immédiatement je vois mon aile qui shoote. Je pilote pour la rétablir au-dessus de ma tête en vol à peu près droit, je ne sais pas comment est la Magus qui me tire dessus, après quelques courtes secondes 5 de ses suspentes rompent. Me voici libéré, mais avec un spin qui m’envoie valser sur deux tours de twist. Je bloque la rotation, la voile tourne à peine, les pilotes alentour se poussent ou se sont déjà poussés, je détwiste, trop fort bien sûr donc ça repart brièvement dans l’autre sens, bref tout se termine bien.
Je suis prêt à suivre le gars pour aller poser en vallée mais le voilà qui enroule pour continuer la manche. Soit. Je fais l’inventaire: aucun bobo physique, mon gant gauche est ouvert en deux, mon cocon est lacéré en plusieurs endroits mais son intégrité n’est pas en cause, et ma poignée de secours pendouille sous ma sellette. Je la remets gentiment en place avec un pensée pour Olivier la veille des Championnats de France, et à la galère qu’aurait pu être cette collision si le secours s’était extrait dans les suspentes de la Magus… Tout est bien qui finit bien.
Pour la seule fois de la semaine je ne passe pas ligne. J’étais en retard et la collision ne m’a pas aidé à me concentrer. Je suis celui qui fait le plus de distance sans boucler, pas malin.