Ce midi je me suis fait une de mes plus grosses peurs en parapente. Une dizaine de minutes avant le start je pense être un peu à l’écart de la grosse grappe, en prospection. Je traverse un noyau, j’enfonce la commande à gauche, et là, vision d’horreur. Un bon groupe de pilotes me suivait de près et je me retrouve avec un mur de parapentes face à moi. J’ai le réflexe de sortir de mon virage pour faire un break à droite mais la voie est bouchée et le pilote le plus sur ma droite ne bouge pas. Il est maintenant trop tard pour enfoncer la commande à gauche. Je n’aurais peut-être pas dû sortir de ce virage et planter la commande intérieure quitte à partir en vrille. Il va donc falloir traverser ce mur entre deux bâches. Heureusement le pilote qui me fait face est Martin. Son réflexe associé à ses compétences me sauve: il décroche. Je ressource. C’est passé.

Peur verte

Je m’écarte et vais prendre le start plus loin, tout seul. Les pulsations cardiaques redescendent. L’adrénaline est toujours là. Ce n’est qu’à mi-chemin de la première balise que je me remets de mes émotions et accepte de nouveau la promiscuité de la grappe.

L’approche de la première balise et la longue traversée vers la seconde n’ont rien de facile. Les conditions s’étiolent. Les groupes se font et se défont. Je privilégie le gaz et les lignes. Je tente une nouvelle petite échappée à l’approche de la deuxième et dernière balise.

De l’importance du second groupe

Nous raccrochons bien bas avec Thomas et Laurie au terme d’une longue glissade. Sur notre gauche, à quelques kilomètres, un groupe de trois pilotes survit encore plus bas. Ils gagneront la manche avec dix minutes d’avance. Nous trouvons un thermique anémique et le gros groupe finit par nous recoller par en-dessous. Ce matin le premier bus est tombé en panne dans la montée, il fallait être dans le suivant. C’était la parfaite illustration de l’importance d’être dans le second groupe au Brésil, au bon moment.

Nous n’avons plus qu’à rester au chaud, et ici c’est facile, dans ce bon groupe pour rentrer au but dans les vingt. Mais clairement, ce n’est pas l’image de la ligne qui me restera en mémoire pour cette journée. Plutôt ce bord d’attaque en chiffon vert qui subitement se dégonfle et disparaît miraculeusement devant moi. Merci Martin.