Etant donnée la stabilité persistante de la masse d’air, les organisateurs n’ont d’autre choix que de nous envoyer sur un aller-retour de 85 km, la plume dans le relief, avec une balise légèrement dégagée en vallée 10 km avant le but. Je vous passe les 60 premiers km, ils étaient à la fois simples et pénibles. Simples parce qu’il suffisait d’avancer, pénibles parce qu’il n’en fallait pas moins pour enfin lâcher les dernières M6 et autre Poison qui nous collaient aux basques depuis le départ…
Sur un dernier raccrochage je me débrouille bien, prends du gaz sur mes camarades, cintre un 3 m/s et finis par enfin rattraper les 4 échappés, pour mon grand malheur. Ils enroulent un zéro que je traverse avec tout mon dédain. 3 Italiens et Damien, un bon groupe. Enfin, en temps normal. 3 Italiens en Italie, 15 km du but, seuls devant et en haut, il y a de quoi se dire que ça sent bon. Et bien non, ça pue.
Nous sommes dans la zone de rentrée au but identifiée au cours du briefing entre pilotes Français. Celui après lequel je me suis noté: « vigilance pour la rentrée au but ». Et bien j’ai bouffé la consigne. Nous avions parlé d’un plafond à 1800 m et d’une finesse à 8 du but pour rentrer. Notre thermique s’étouffe à 1650 m et nous sommes à 10 de finesse. Alberto s’échappe, mais pas sur l’axe, pas en direction de la balise, cap sur la prochaine arête. Qui ne donnera rien. Ensuite tout est à l’ombre. Et il emmène tout notre petit groupe de blaireaux jusqu’au plancher des bouses. J’ai le temps de crier quelques jurons (mon fils ne peut pas m’entendre) dans la plané fatal de ce plan de daube.
J’ai bien fait d’expulser en l’air, je me pose de bonne humeur. Ce n’est qu’un jeu. Nous avons joué, nous avons perdu. Cela me saborde la manche et la compétition mais il n’y avait pas d’enjeu. Juste un dernier espoir de sauver un classement WPRS ou permanent, c’est raté, c’est râpé, ce n’est pas bien grave, j’en accepte les conséquences. Demain la partie reprend, same player shoot again!