6 fois 6 font 36. Le calcul est simple et la conséquence évidente. C’est par la route que la fin de course va se jouer. 36 km nous séparent du but. En partant à 6h du matin à pied à 6 km/h je bouclerai au plus tard à midi. Cela ne laisse aucune chance pour un dernier vol si je veux préserver une place sur le podium ou conserver ma première place.
J’étais venu pour participer et me jauger. Ce matin je me lève pour gagner.
Je vais contrôler mon avance en sachant qu’elle va fondre. Ma tactique est de gérer l’économie de ma dépense physique en accélérant progressivement. Marche rapide puis petit trot puis vraie course. En procédant ainsi je m’assure de ne pas exploser en route tout en espérant un effet psychologique sur mes poursuivants à l’approche du but. Cela a fonctionné. Au-delà de ce que j’espérais.
J’ai géré et j’en avais encore en réserve mais j’en ai quand même bien bavé. Quand je décide de passer au trot j’arrive sur la piste qui longe l’Isère rive sud après le confluent avec le Gelon. Je pensais trouver un beau chemin bien roulant pour la course à pied. Un quad débouche de la forêt sous mon nez, tiré par un attelage d’une dizaine de chiens de traîneau. Et gaz ils s’élancent pour s’en donner à cœur joie dans les flaques de gadoue et les ornières de boue. Quand ce n’est pas la pataugeoire ce sont des herbes hautes pleines de rosée. Je n’ai pas les bonnes chaussures, j’ai les pieds trempés et pas de crampons sous mes semelles. Je résiste à l’envie de migrer sur le bitume de la nationale parallèle qui me donnerait 1 ou 2 km/h de plus. Je n’ai pas le temps de m’arrêter et de me changer. Je serre les dents et je regarde devant.
Enfin, je regarde principalement devant. Vu l’évolution de la mine de Laurie qui me retrouve à chaque pont, tous les 4 ou 5 kilomètres, je commence à entendre des bruits fantômes derrière moi. Au bout des longues lignes droites je ne peux résister, je me retourne. Je me figure alors les commentateurs en cabine du tour de France s’écrier: « Non! L’échappé ne doit pas se retourner, c’est une attitude perdante, il doit poursuivre son effort ! » Lorsque je touche le bitume à 15 km du but environ je peux enfin arrêter le patinage artistique sur terrain meuble consommateur d’énergie et prendre un peu plus de vitesse.
A 10 km du but les SMS d’encouragement commencent à pleuvoir sur mon téléphone étanche. A 5 km du but Pierre n’en peut mais et m’appelle pour me dire que l’écart augmente. Laurie ouvre le chemin et repère la route. Dernière ligne droite, je pourrais sûrement marcher maintenant mais j’ai envie d’emmener le truc jusqu’au bout alors je continue à courir. Laurie trottine avec moi. Je cache l’écran de mon GPS pour qu’il me fasse la surprise du but avec son carillon.
L’heure de la délivrance sonne après 4h40 d’effort. Je me jette dans les bras de Laurie. Je viens de terminer mon premier marche et vol. Je l’ai bouclé. Je l’ai même gagné. C’est dingue. Je profite de la sensation avant de retourner dans le monde qui est le nôtre.
50 balais, bravo !
Merci! Laisse moi vivre encore un mois!!!
tu participes à la x-alps ?
Ah non Philippe, ce n’est pas au programme!
petit joueur va ! hahaha 😉
Wunderbar!
Bravo, un résultat à la hauteur de la préparation et de la volonté, et des compétences bien sûr, qui se reflètent dans cette tactique du dernier jour jusqu’à maintenir l’effort jusqu’au bout, pour le plaisir. Compétiteur un jour, compétiteur toujours…. 😉
PS: ha bon ! y a un aniv en vue 🙂 ?
Hello Maxime,
Bravo pour cette belle victoire !
Un futur billet sur le matos et la préparation ?
Merci Gilles. La préparation j’en ai déjà un peu parlé, au moins sur le volet physique. Je ferai peut-être quelque chose sur la préparation de la stratégie, j’en dis déjà quelques mots. Sur le matos, à voir, pourquoi pas!
Bravo ! Très impressionnant !