Hier soir, 4 des 5 sources météo que je suis ne donnaient aucune chance de voler sur Bassano. Du coup ma 5ème place au général me trottait un peu dans la tête. J’ai passé une bonne soirée et bien dormi, mais je confesse m’être levé avant la sonnerie du réveil ce matin. Et les sites météo ont profité de la nuit pour aggraver la tendance de ce jour. A vrai dire, ce n’est pas très sportif, mais je n’aurais pas été contre une fin de compétition avec ce classement avantageux. Mais les dieux du ciel en ont décidé autrement, et tant mieux.

Il n’y aura pas de photos dans ce billet, car j’ai été tellement dans mon truc aujourd’hui que je n’ai pas pensé à gaffer l’appareil sur ma sellette, et encore moins à le sortir en l’air.

Après la traditionnelle attente au déco sous un ciel bas et chargé, il nous semble que la plaine est ensoleillée au loin. Luc qui fait partie du comité de course nous concocte une manche courte d’environ 40km, entièrement dégagée du relief, ceci afin d’éviter les surdéveloppements. Et peut-être a-t-il eu une petite pensée pour moi en dessinant la manche, qui sait? Je décolle dans l’idée de faire ma manche en contrôle, de bien la boucler pour sortir une place dans le top 10 au général.

Une fois en l’air les conditions sont excellentes, les meilleures de la semaine, la plaine est allumée au brasero. Je prends un start de feu avec Jean-Jean et à partir de là je ne laisse pas plus de 10 voiles devant moi, mais j’en laisse 10 quand même. Je gère mes varios, je préserve mon altitude, je chemine correctement en entrée et sortie de nuage (entendre: de zone d’ascendance, je n’ai pas volé dans les nuages!). Lucas, Charles, Olivier, Stef, presque tous les français sont bien placés dans la grappe.

Le moment clé de la course se joue à la balise 15km en gros avant le but. Une grosse partie du groupe part en chasse d’Erwan et de Wyss placés devant, je suis dans un 2,5m/s, je ne le lâche pas. J’en pars quand il tombe sous le +1,5 et flotte bien jusqu’à la balise. Le groupe a tourné à gauche direction le but. Je tourne à droite côté au vent pour reprendre ma ligne. Le groupe se fait enfoncer, je chemine avec Julien et Yann, nous planons bien, nous enroulons 2 ou 3 tours dans les pétards.

Je tente une rentrée à 9 de finesse mais la masse d’air s’effondre bien par endroits, je repasse rapidement à 10. J’enroule donc de nouveau au-dessus de Luc pour repasser à 8 et je vais rentrer avec 200m de gaz, le premier, 1m devant une Boom. Ce matin au déco j’avais déplacé une poulie de mon mouflage d’accélérateur pour avoir plus de débattement, bien m’en a pris. J’ai été aux limites de ce que je sais faire en pilotage accéléré dans une masse d’air active. En fait, aujourd’hui j’ai fait tout le pilotage que je sais faire. Jamais je n’avais été aussi concentré pendant une manche. Nous verrons bien ce que donnent les leading bonus mais j’ai fait ce que j’avais à faire, et même un peu plus. Je me suis prouvé que peux gagner des manches de vitesse. J’ai su gérer et même exploiter la pression.

Ce matin j’étais à 120 points du podium. Il ne devrait pas y avoir de gros écarts dans cette manche. Nous verrons bien, ce ne sera que du bonheur!

A demain pour une conclusion de ce long et magnifique week-end pascal.