- Sous-titre: Se réconcilier avec soi-même
- Auteur: Guy Corneau
- Éditeur: J’ai lu – Bien-être
Voici le livre sur lequel j’ai pris le plus de notes. Paradoxalement il ne m’a pas inspiré d’action immédiate. Je ressens plutôt le résultat d’une accumulation de lectures et de réflexions qui fait mûrir quelques idées ou intuitions. C’est aussi ma dernière lecture de cette série et l’auteur, pourtant psychanalyste et nord-américain, nous fait quitter les berges de la psychologie et de la psychanalyse pour nous emmener vers le fleuve de la spiritualité. C’est une démarche assez complémentaire de l’ouvrage précédent, avec lequel il partage également comme vœu pieux la notion d’inconscient collectif et l’utopie de son évolution positive. Au final il constitue une bonne conclusion de cet enchainement de lectures.
Le propos de l’auteur file la métaphore entre nos processus psychiques visant à la connaissance de soi et la mythologie égyptienne. Il emploie les expressions « être disciple de sa propre vie », « révéler le maître en soi », « entrer en communion avec l’univers », pour vivre dans la gloire, l’amour et la joie. En définitive il s’agit de croire, d’y croire. D’où la notion de spiritualité évoquée ci-dessus.
Quelques subtilités de vocabulaire
A un niveau plus bas encore et plus vital que les besoins, l’auteur introduit les élans qu’il distingue peu des pulsions: l’élan d’union, l’élan d’expression individuelle, l’élan de participation, l’élan de création et de transformation, l’élan de sublimation. Voici donc le niveau essentiel que nous devons chercher à satisfaire. Tout le reste, besoins ou désirs dont il reprend plusieurs définitions selon plusieurs courants de pensée, est à prendre avec circonspection, voire à combattre. Car ils sont l’expression de notre personnalité ou de notre personnage.
De nouvelles subtilités sont alors décortiquées: individualité (le Soi ou soi-même profond qu’il faut révéler et épanouir), personnalité (notre interface avec le monde extérieur, avec les autres), personnage (le rôle que nous jouons en collectivité), universalité, bien-être (satisfaire ses besoins) et bonheur (suivre ses élans)…
Nous sommes victimes des autres car notre personnalité est à la recherche narcissique du regard des autres. En réalité, selon l’auteur, nous sommes plutôt victimes de nous-mêmes, de notre personnalité et de notre personnage. Ce n’est certainement pas pour rien qu’on m’a recommandé la lecture de ce livre… Et nous sommes donc notre bourreau car nous nous complaisons à nous faire souffrir.
Souffrir plus pour se sentir mieux?
Nos douleurs viendraient de nos peurs, elles-mêmes prenant source dans notre orgueil. Au passage tout compétiteur libériste sait combien il doit se méfier de son égo. Selon un principe de compensation nous trouvons (trouverions?) des récompenses dans ce qui nous détruit (complexes, peurs, colères, envies, projections, orgueil, dispersion…). Il faut identifier cette récompense, passer par l’échec et la peine pour se trouver puis se régénérer. Vivrions-nous tous avec des monstres au fond de nous?
D’après l’auteur, notre objectif unique est de révéler notre individualité et de la vivre. D’abattre notre personnalité et nos personnages. S’il existe un but à la vie c’est celui-ci. D’être le disciple de sa propre vie, c’est-à-dire recevoir et suivre les enseignements de sa propre existence. De s’oublier pour être libre de ses actions.
Et moi dans tout ça
D’une manière générale, je prends beaucoup de choses avec le sourire ou avec de la distance. Au point que parfois les gens peuvent croire que je me montre cynique ou que je me fous de leur poire, et c’est leur problème. Mais de rares fois je les prends mal. Comme vu dans un billet précédent je crois que la notion d’injustice a cette tendance à me faire bondir. Les psys diront que cela vient de mes réactions de gamin du type « c’est pas juste », à ne pas confondre avec « c’est trop injuste ». A l’avenir je me poserai donc la question « trouve-je ceci injuste? » et si oui, je ferai attention à mes réactions pour ne pas monter dans les tours.
Mais nous ne pouvons pas tout rationaliser, nous devons parfois nous départir du rationnel pour vivre pleinement notre vie. Et on ne peut tout maîtriser, cet article venant illustrer à propos une source de mes maux pré-Autrichiens.
Ainsi tout émanerait de soi, j’y souscris. Faut-il systématiquement prendre la fuite, pour ne pas avoir à éviter ou à combattre? Rarement à mon sens. Faut-il systématiquement sombrer dans l’ombre pour renaître à la lumière? Le moins possible d’après moi. Je crois qu’il faut plutôt faire face, autant que faire se peut, s’affirmer dans le respect collectif.
J’ai aussi compris que le perfectionnisme n’est qu’un mécanisme pour attirer le regard des autres, admirateur ou bienveillant. Je ne dois plus chercher à être le premier de la classe. J’ai de toutes façons moins de choses « à prouver », je ne cherche plus trop à en prouver de nouvelles, je me sens moins cassant, impatient ou agressif. La sagesse viendrait-elle avec l’âge?