Un peu de lecture, beaucoup de travail

Cela fait déjà un certain temps que je ne vous ai pas donné de lecture. Alors avant d’en venir là, commencez par lancer votre traitement de texte favori et videz tout ce que vous avez ressenti, pensé, fait au cours d’une de vos dernières manches. Tout. En gros, faites comme Luc. C’est bon? Maintenant, téléchargez ce doc, lisez-le et prenez de nouveaux angles de lecture pour relire votre propre récit.

Keskiveudir?

Pour ce qui est de mes propres récits, je sais bien que j’ai été assez elliptique ces derniers temps, voire incompréhensible. Et que j’ai passé sous silence certaines expériences. Je suis bien content de pouvoir rencontrer un certain nombre d’entre vous, cela me permet d’exprimer oralement, au moins en partie, ce que je ne souhaite pas écrire. Par exemple parce que cela devient trop personnel, ou alors que cela touche aux relations avec d’autres personnes. Autant de choses qui n’ont pas vocation à l’exposition publique (pour autant, aucun rapport avec une « une » récente et désormais célèbre d’un quotidien sportif, mais ce qui est dans le vestiaire doit rester dans le vestiaire). Quoi qu’il en soit, soyez certains que tous les messages que j’ai reçus m’ont fait un bien énorme.

Retour aux sources

Du coup j’en profite pour vous raconter mon week-end à Saint-Gervais. Car j’ai repris contact avec la 3ème dimension, pour la 1ère fois depuis mon secours en Autriche. J’aurais aimé tourner des bis le week-end précédent en journée découverte mais la météo a été contraire. Alors j’ai récupéré mon aile après quelques réparations et je me suis lancé dans une compète A. J’ai plongé la grenouille dans l’eau bouillante plutôt que de la mettre dans de l’eau froide au-dessus d’un bruleur à petit feu.

Remise en l’air

Samedi, j’ai retrouvé mes sensations (une partie, bien sûr). Enfin, pas immédiatement. Jusqu’au moment de gonfler mon aile pour décoller, je me demandais ce que j’allais vivre en l’air. J’ai été franchement flippé pendant l’attente au start, je supportais très mal la promiscuité dans les grappes de départ. Et pour couronner le tout, je me prends un bon gros vrac venu de nulle part qui me met terreur pendant quelques instants.

Enfin le start s’ouvre et j’ai eu le sentiment que le vol a pu commencer. J’avais envie de le faire tranquille, en cross, sans trop me soucier des autres. Le premier raccrochage sous Varan m’a remis dans le coup. Thermique, plafond, transition, placement. Pas trop flippé par le relief, pas forcément à l’aise non plus. Après une cinquantaine de bornes je suis bien dans mon vol, j’ai repris le dessus sur mon aile, je m’impatiente même au Joly en me jetant un peu bas sur Bionassay. Pas efficace, mais le signal que j’ai encore envie de jouer. Côté physique, je suis complètement rincé par les 3h de vol.

Plaisir du vol

Dimanche, j’ai retrouvé le plaisir (une partie, bien sûr). J’ai décidé de faire mes choix et de suivre mes envies. Je m’extrais bien du déco, je choisis l’aiguille Croche pour faire le plafond, je prends une trajectoire originale pour le start, je fais deux tours à la balise pour voir l’état des forces en présence. Les premiers repartent sur le Joly, je décide de suivre la flèche vers les Saisies sous un ciel allumé.

Je n’assume pas complètement le choix, mal placé entre une route au caillou et l’autre au nuage. Je me retrouve dans un trou à rats (au pluriel car je m’aperçois alors que ma voile aux couleurs rares produit un effet « Urban »). Je m’en sors pas si mal, suis efficace sur la balise et fais cap direct vers les usines Kortel. Je pensais que 700m de gaz étaient suffisants pour raccrocher sous Varan. Et bien non, la brise est plus forte qu’anticipé. Je pose en milieu de manche avec le sourire, vois Lucas s’en sortir (quelle déception ce choix de revenir sur Varan plutôt que de tracer sur Saint-Ger!) et peux rentrer en avance sur Paris.

Je reviens avec quelques motifs de satisfaction personnelle, plutôt rassuré sur moi-même. Pas encore de certitudes, je continue à m’observer. La semaine prochaine direction l’Italie pour une Coupe du Monde. Aucune pression, ce qu’il faut de détachement, l’envie de voler, poursuivre la redécouverte de mes sensations et de mon plaisir.

4 réflexions sur « Un peu de lecture, beaucoup de travail »

  1. En effet dommage pour les bis, j’avais inscrit ma maman et je comptais sur le temps pour sortir mon aile… Partie remise.
    On ne s’est pas encore rencontré mais j’ai une petite question, peut être indiscrète car je n’en ai pas trouvé la réponse dans tes écrits: que s’est il passé contre cette falaise? J’ai vu la vidéo sur le site des euros mais on ne voit somme toute pas grand chose de l’incident, a part l’ouverture du secours… Quelle cause et quelle fin a cette descente sous secours?

  2. Bonjour François,

    Effectivement je n’ai pas trop eu envie de m’épandre sur cet incident de vol. J’ai eu l’occasion de visiter la falaise de Saint-Hilaire 1 an auparavant et je n’ai pas envie de me prendre une falaise dans la gueule tous les ans. Disons qu’il a des causes "techniques", sur l’instant (le lieu, le pilote, la voile), et un contexte, tous les facteurs d’environnement qui ont précédé cet instant. Donc je travaille actuellement sur ces causes techniques et ces facteurs de contexte pour qu’ils ne se reproduisent plus.

    Un enseignement purement technique que je peux partager: les voiles rapides, qui recherchent elles-même leur vitesse, difficiles à temporiser (phénomènes visibles au décollage), à faible trainée et forte charge alaire, ont des sorties de décro qui peuvent être très surprenantes, violentes. Le rappel pendulaire et la reconstruction partielle de la voile sont des facteurs critiques à contrôler. Que chacun en soit donc informé et vole préparé. Ce que je n’étais pas.

    Au plaisir de te rencontrer bientôt!

  3. L’important c’est d’être à nouveau en l’air et serein (ou en passe de l’être). Mais j’avoue qu’à voir parfois des guns décoller (et passer devant sur la phase de gonflage, ou partir en vrac), je suis bien content d’avancer à mon rythme sous mon aile de papy avec mes mini fermetures quand il y a gros air…
    On se fait tous peur à notre échelle, mais comme tu l’écris, tant qu’on note, qu’on analyse et qu’on enregistre un facteur de plus dans notre base d’analyse automatico-instantanée, on est sur la bonne voie.

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