Briefing météo: le ciel est complètement couvert, c’est vrai, mais il va s’ouvrir un peu et déclencher une activité thermique. Et pourquoi va-t-il s’ouvrir? Ah oui, parce que du foehn est annoncé en milieu d’après-midi. Nous vous préviendrons en radio, et vous verrez bien, ici le foehn rentre par l’est, vous ne pouvez pas le manquer. OK. En attendant le déco est cul. Le DE lance une manche de 38km en course au but, et ses choix de tracé et d’horaire vont s’avérer très justes.
Avant la montée au déco, Chrigel nous a gratifiés d’un largage hélico à 3500m pour un record de 200 infinity tumbling. Assez incroyable, je les ai comptés et à peine ai-je dit 199 qu’il arrête la corde à sauter. Je n’avais pas compté les 4 ou 5 premiers tours car ils ne me semblaient pas tout à fait axés, et lui aussi il a compté et s’est arrêté pile-poil à 200. Chaque tour se faisait en un peu moins de 2 secondes. Forcément ça a du le brasser un peu, il ne finit que 5ème de la manche…
Le start se fait dans la barbules, avec différents niveaux de nébulosité, selon également si on est près ou loin du relief. Je choisis l’option en avant du relief, mauvaise pioche. Le groupe collé au caillou émerge de l’autre côté du nuage plus haut et devant moi. Alors pour la suite je m’applique, je n’enroule pas grand chose, je chemine au mieux pour rattraper du monde. A mi-parcours le groupe de tête essaye de forcer un passage, ne passe pas, se fait dégouliner et doit faire le tour d’une arête. Je temporise pour prendre du gaz et passe la crête. Je me retrouve devant avec Chrigel, Anja et Joël un peu derrière. Ce sont des Suisses, je les suis, et surtout je ne pense pas à la fin de manche, à gagner ou à quelque chose de stupide du genre. Ils cheminent sur l’arête sans rien prendre et feu gaz tous ensemble pour traverser le lac d’Interlaken et aller faire les dernières balises.
En face, c’est bien mort. Je temporise de nouveau pour observer et garder du zéro, 2 minutes, 4 tours. Je vois que c’est actif sur la pente boisée suivante, sous la balise, j’y vais. J’applique la technique que m’avait montrée Gérald à l’Ebaudiaz, pour un de mes premiers cross en 1998, après une traversée des Bauges. Je perds du temps à attendre un cycle, mais je ne suis pas le seul. Un groupe ayant traversé le lac un peu plus tard arrive plus haut, claque la balise et rentre au but. Je finis par trouver un thermique qui est tellement bon que je l’enroule un peu trop pour assurer la ligne. Ce que je fais en arrivant avec 200m de gaz de trop, soit environ 3 minutes, à rapprocher de mes 8 minutes de retard sur le premier. Pas si grave. Je finis 25ème, avec 823 points, j’avais 10 places et 70 points à gratter, mais j’avais surtout beaucoup à perdre. De notre groupe de tête, Gasper, Greg, Jérémie ne bouclent pas, Anja termine derrière moi. Je suis assez content du vol et de ma gestion de la manche: bonne vitesse, deux bonnes temporisations, pas pris feu, pas loin de mes objectifs, tout roule.
Bonne journée pour le French Team, il y a 3 Français dans les 10 premiers: Eric, Drouin-Drouin et Charles. Au général la France reprend la 3ème place, Arnaud est 8ème.
La prévision météo se met au beau pour les jours qui viennent. Mais savez-vous pourquoi? Parce que le foehn arrive! La probabilité de vent supérieur à 45km/h est de 70%… Nous sommes dans un bocal, protégés par l’Eiger et la JungFrau, qui sait si le DE arrivera à nous concocter des manches en local et à l’abri? A suivre…
Bien joué ! on va suivre cette semaine avec grand intérêt. Bonne chance.