Pré-Mondiaux Italie 2016: conclusion

Nous avons participé à une belle compétition qui s’est bien déroulée avec 5 manches sportives. Aucun accident n’a été à déplorer cette semaine, aucune ouverture de secours n’est à signaler. Petit regret, nous n’avons pas pu pénétrer dans le massif et aller voler au cœur des Dolomites, la météo ne l’a pas permis. Nous avons évolué au-dessus d’un terrain sur lequel les erreurs se commettent facilement et coûtent cher. Le podium récompense des pilotes régulièrement performants, des pilotes qui connaissent ce terrain. Les pilotes sous M6, King et Poison se sont également régalés et se sont souvent montrés aux avant-postes, bravo à eux.

Sur la dernière manche, la transition de replacement qui se passe mal a modifié mon état mental. Au bout de cette transition l’analyse de ma trace montre clairement que je trouve un thermique, que je le perds, que je le recentre et que je le quitte alors qu’il monte entre 1 et 2 m/s. Clairement je devais être en surchauffe de voir mes camarades mieux lotis que moi. En revanche juste avant je crois que nous aurions dû poursuivre notre route sans nous replacer sur ce groupe, j’aurais pu le faire seul mais je ne l’ai pas fait. voilà qui m’offre une transition vers mon thème de travail de la semaine.

Je suis venu sur cette compétition avec un thème de travail simple et unique: accepter le groupe. Je me suis donc astreint à faire partie du groupe et à suivre ses décisions. J’ai récolté pas mal de leading bonus cette semaine et j’ai bien bossé. C’était très difficile pour moi. Et cela n’a pas été couronné de succès sur le plan du résultat, pourtant la manière était là.

Je crois qu’il existe, pour schématiser, trois caractères de pilotes en compétition: ceux qui suivent, ceux qui résistent à la tentation, et ceux qui veulent faire leurs choix. Pour les premiers, c’est relativement facile sur un plan psychologique, ils n’éprouvent peut-être même pas l’envie de faire autre chose, ils ne sont pas le sujet d’un début de questionnement. Pour les seconds c’est une stratégie bien souvent payante ou l’expression de leurs limites techniques. Et pour les derniers c’est souvent l’enfer sous le casque avec parfois d’énormes satisfactions.

Vous l’aurez deviné, je crois que je tombe dans cette dernière catégorie. Avec du travail il doit être possible d’en sortir sans perdre plaisir et créativité, sans devenir un robot. J’ai donc testé la première case pour pouvoir me régler afin d’être capable de trouver ma place dans la seconde.

Au final de cette expérience à laquelle j’aurais dû m’astreindre bien plus tôt, je suis convaincu de ceci: dans la grande majorité des manches il faut suivre le bon groupe sans trop réfléchir jusqu’à la zone de préparation de rentrée au but. Disons 80% de la manche ou 15 km du but si vous voulez des chiffres. Et à ce moment-là vous pouvez envisager les options individuelles et les initiatives personnelles qui vont bonifier votre résultat. Pas la peine de vouloir montrer plus tôt que vous êtes le plus fort ou le plus malin. M’être obligé à ne pas le faire m’a condamné en plusieurs occasions cette semaine.

C’est aussi à cet instant que la lucidité doit être la plus forte pour faire une analyse et un choix personnels qui conduisent éventuellement à refuser le choix du groupe. La blague des débriefings de début de semaine était de savoir à quel moment il fallait passer dans le second groupe pour ne pas se faire avoir dans le premier… Bien sûr rien n’empêche d’essayer de proposer des trajectoires plus tôt dans la manche au groupe ou une sous-partie de celui-ci. Mais il faut savoir rapidement rentrer dans le rang si personne ne suit.

Feltre accueillera en 2017 les championnats du monde. Ce devrait être une belle compétition. Comme toujours il faudra des conditions aérologiques favorables. Le terrain permet des parcours intéressants si le directeur d’épreuve et le comité de pilotes parviennent à combiner ambition et vigilance. Comme toujours là aussi. En ce qui me concerne il me reste 6 semaines pour recréer une dynamique de réussite et sortir du cercle poisseux dans lequel je me débats. C’est amplement réalisable et à ma portée. Saint-André, me voilà!

2 réflexions sur « Pré-Mondiaux Italie 2016: conclusion »

  1. Encore merci pour ces analyses qui font un peu mieux comprendre « l’esprit de compétition » à un petit oiseau comme moi.
    Je suis sûr que tu vas retrouvé la dynamique qui te permettra de t’exprimer pleinement en septembre à St André.
    En attendant, bon travail et bon mois d’aout !
    amitiés

  2. Salut Max , la philosophie amène à se poser des questions … , parfois trop pour certains , pas assez pour d’autres ? Sont-elles les bonnes questions pour moi …? Ai-je trouvé les « bonnes » réponses …? C’est un long chemin de trouver « ses questions et réponses » …
    Les compétitions de vol libre sont pour moi une des formes les plus complexes pour leurs multiples variables dans l’espace et le temps …, comme une régate ou une course de vtt en 3D mais avec tout plein d’options de parcours possibles variant à chaque instant …, une arrivée un peu tard dans un cycle ou hors cycle te met bas et la pression pour la suite … alors que tu n’y es pour rien …
    La philosophie amène-t-elle vers l’humilité et la sagesse ? Est-ce une bonne question ? Je partage ton analyse pour les différents typages de pilotes …
    Le bon mix attaquant/suiveur reste à trouver …, Hono y réussi bien …, de mon point de vue , il était attaquant souvent trop fougueux mais à réussi à « canaliser » et « maîtriser » ses envies solitaires qui semblent quand même pouvoir fonctionner parfois en dehors du groupe … In chala , garde le plaisir sans frustration ! Nous pratiquons un sport merveilleux mais si complexe … 😉

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