Championnat de France 2011: re-conclusion

Le lecteur même distrait aura relevé mon désarroi actuel. J’ai bien l’impression que le fond du problème réside dans la recherche de sens à mes actions. Je suis apparemment bien ancré dans une question d’actualité, quand je regarde Kilian Jornet (merci Marco!) ou lis Laure Manaudou, à mon tout petit niveau entendons-nous bien.

Pour sortir de la spirale de la dépression il faut se projeter dans l’avenir, recréer une dynamique positive, retrouver du désir. Je vais m’attacher à trouver ces projets. De même, en reprenant un peu d’objectivité, j’ai quelques éléments concrets à retirer de cette douche incendiaire réunionnaise.

  • J’ai constaté que le suivi temps réel GPS/GPRS me stresse. Je pense en vol à ce qui s’affiche sur l’écran des Internautes. Surtout lorsque je me suis fixé des objectifs élevés. Mon ego veut montrer que je suis un pilote qui se place devant et prend des initiatives. Rien de bien malin là-dedans, surtout vu l’heure matinale de nos manches, personne n’était encore levé en métropole pour nous suivre. Au pire, ça peut se régler avec du papier aluminium. Au mieux, je vais l’oublier ce boitier, penser qu’il n’est là que pour ma sécurité.
  • J’ai apprécié les paroles de Jean-Jean qui est venu me débriefer alors que je lui disais mon admiration. Je sais voler vite et devant, je n’ai rien à prouver de ce côté-là. Cependant c’est à la fin de la manche qu’il faut le faire, pas au début. C’est paradoxal mais il faudrait que j’arrête de prendre des bons starts car ils m’entrainent à partir devant la fleur au fusil.
  • Le podium est constitué de pilotes calmes et posés, comme les vainqueurs précédents sur cette ile. Le réglage du thermostat sur la bonne température, manche après manche, est impératif. Je ne dois pas laisser mon caractère, mes émotions, mes sentiments prendre le dessus sur mes sensations, mes analyses, mes actions. Facile à dire quand on déboule plein de stress de son boulot parisien la veille au soir des compétitions. Il me faut un moyen pour créer un sas, une couche d’étanchéité ou un entonnoir pour passer d’un milieu à l’autre.
  • J’avais le rêve d’un podium et je n’ai pas su garder ma motivation pour gérer un top 10. Jules Renard a dit "Il faut rêver très haut pour ne pas réaliser trop bas". Par rapport à ma situation du moment, j’ai dû rêver trop haut, et j’ai réalisé très bas. En fait je n’ai pas que des podiums comme rêves, loin de là. Mais j’ai oublié ces autres rêves. Alors je vais me relancer, refaire ce que j’aimais faire et puis monter des projets, de préférence collectifs. Ras le bol d’avoir pour seule perspective l’enchainement "inscription individuelle à la prochaine coupe du monde" / "qualification personnelle pour la finale".
  • Si je persévère dans la compétition, je ne souhaiterai le faire qu’en continuant à progresser. Si je veux reprendre ma progression interrompue, je sens que je dois augmenter mon volume de vol et en même temps varier ma pratique, c’est-à-dire réduire en proportion du total la part de la compétition. Se pose dans la foulée la grosse question d’aménager ma vie pour me donner ces moyens, les moyens de mes projets et de mes rêves.

Cette fois-ci je n’ai pas pleuré devant mes camarades, disons que c’est un progrès. Je reste à fleur de peau et commence tout juste à de nouveau envisager l’avenir. Si j’arrive à mettre en place ces pistes, je vous tiendrai au jus. Peut-être même que je vous demanderai de l’aide. N’appelez pas déjà le SAMU je bouge encore.

10 réflexions sur « Championnat de France 2011: re-conclusion »

  1. Salut Maxime,
    Je me disais que j’allais publier un billet ce soir, parce que j’ai digéré cette foutue dernière manche.
    Et comme dit un ami paraplégique qui a fait du basket handi à haut-niveau: "suffit de mettre un pied devant l’autre et de recommencer !"
    Allez à bientôt et cool Raoul !
    Max P

  2. Allez Maxime, détends toi, y en a même sur le podium qui ont eu une soupape de decompression de plusieurs jours avant la compet…. Et puis oublie ton GPRS, ça marche pas ! C’est pas du temps réel… L’écart entre le suivi, et les resultats finaux sont tels que je ne le suis plus…
    Allez, y a moyen de continuer à se faire plaisir !

  3. Ah… le regard de l’autre…
    Effectivement, ça peut peser (trop) quant on y est sensible.
    Alors comment trouver la solution pour s’en défaire ?
    Pas simple…

  4. "je sens que je dois augmenter mon volume de vol et en même temps varier ma pratique, c’est-à-dire réduire en proportion du total la part de la compétition. Se pose dans la foulée la grosse question d’aménager ma vie pour me donner ces moyens, les moyens de mes projets et de mes rêves."

    –> Bienvenue dans les Alpes du Nord :o) Ca bouge pas mal niveau taff entre Grenoble et Geneve. Bon par contre faudra accepter d’abandonner le fameux TeeShirt Schtroumpf!

  5. merci beaucoup pour ce magnifique reportage sur Kilian Jornet (ça fait effectivement pas mal réfléchir) !

  6. Moi non plus j’aime pas voler la tête en bas !!
    Et je sais que ton objectivité saura très vite relativiser ce résultat sur un terrain aléatoire comme la Réunion.
    J’espère qu’on aura l’occasion de partager de beaux moments de CFD en 2012 pour que tu reprennes le poil de la bête 😉

  7. Rob Whittall pour XC Mag, à méditer :

    Pilots have lost the value of the personal satisfaction of flying. I’ve seen pilots kicking and spewing like little five-year-olds who have just been told they’re not getting any ice cream, just because they have missed goal or landed out.

    Imagine four hours in the air, battling to make the goal, but you miss. Yet you find no personal satisfaction from the fact that you did your best and had a great flight anyway. I laugh at the sore losers because one thing is for sure you need to be a great loser if you are ever to be a winner.

    If pilots were more personally satisfied with their flights rather than just the results then things would be safer because pilots wouldn’t be racing above their ability.

    If you are good enough to be vying for the top spots then go for it, but, be realistic, if you are gunning for 33rd position, then chill out, relax and enjoy the flight because you can only be a personal winner.

  8. Salut Maxime,
    ta remarque concernant la variété de ta pratique m’a rappelé les discussions avec Alain Barthère sur l’enrichissement de se déplacer dans la masse d’air avec d’autres aéronefs pour encore plus de feeling et d’anticipations.
    J’ai beaucoup d’admiration pour ce pilote. (http://www.bartair.com/societe_bart…)
    Et un grand coup de chapeau à ce billet. Tu dis les choses sans complaisances, de façon simple et honnête. Pour être passé par là (à mon petit niveau) je trouve que tu as les mots justes. Bonne recherche cet hiver, au plaisir de se croiser à nouveau sur un déco. 🙂

  9. Salut Maxime.
    N’oublie pas que tu as déja bien de la chance de pouvoir faire toutes ces compètes dans tous ces pays, et que ce n’est vraiment pas le cas de tout le monde, loin de là! .(même si ils aimeraient bien).
    Donc , ,ne te plains pas trop, et profites en bien, ou, sinon,j’ai une solution ; échangeons de statut un moment: moi ca me plairait bien, et toi ca risquerait de te remotiver direct!

Les commentaires sont fermés.