Après 2 heures passées au déco, nous avons pu confirmer que c’était bien de l’eau sablonneuse qui tombait du ciel. Nous venons de redescendre et il n’y aura pas de manche aujourd’hui. J’étais un peu étonné de l’optimisme des prévisions météo de l’organisation, il semble maintenant qu’elles soient en phase avec ce que j’ai cru voir: pas bon aujourd’hui, mauvais demain vendredi, et excellent samedi. Pour samedi, leur prévision donne encore du vent, pas la mienne. De toutes façons, je ne vais pas m’attarder sur la météo, nous volerons quand ce sera volable.

Je préviens tout le monde: faudra pas me suivre dans la prochaine manche! J’ai 5 points à gratter pour gagner les A. Plus mauvaise manche de Simon: 974, de Jacques: 976, et pour moi: 974. Faire un trou ne me coûtera rien, le Championnat est presque fini pour moi, alors que eux doivent encore le gérer. Je ne vais pas aller me tanquer dès la sortie de déco, mais je vais tenter de voler le mieux et le plus vite possible pour sortir une grosse manche. Je fais un 980 et je les gratte. Et je pourrai faire d’une pierre deux coups, car c’est le seul moyen pour essayer de rentrer dans les 10 du championnat sur la dernière manche.

On/Off

Ceci dit, j’ai encore pas mal de difficultés à analyser ce qui m’est arrivé hier. J’ai cru digérer rapidement le goût amer de la journée, mais je ne suis tout à fait clair avec moi-même.

Sur le plan du vol, j’étais en mode vol très rapide pour recoller le groupe de tête. Et comme par hasard, c’est quand je le recolle que la situation part en vrille à plat. Un phénomène de sur-vitesse peut-être, et de non adaptation du rythme de vol par rapport à la situation tactique. Je quitte mon dernier thermique à 2475m, et ensuite je ne trouve plus un seul vario positif jusqu’au sol. Je fais les 4km de l’aller/retour à la balise avec une finesse 4, soit 1000m de gaz perdu, une bonne transition pourrie qui condamne mon raccrochage. Après mon dernier plafond j’ai cherché à me placer dans la confluence, puis sous la grappe, sans rien trouver sinon une degueulante continue. Je devais être sous la conflu, ou trop à l’ouest, à l’endroit où la vague de sud redescend, mal placé, erreur de cheminement. Pour en terminer, j’en ai déjà parlé, j’ai eu l’opportunité de suivre Kevin qui s’en sort et je ne l’ai pas fait.

Sur le plan psycho, je me suis certainement vu plus beau que je ne suis. Une sur-confiance qui m’a fait croire que je pouvais venir à bout de toutes les difficultés. En particulier j’ai trouvé la manche 3 extraordinaire, de celles qui font que le parapente est magique. Ciel soudé, bâché, un poil de vent en plus, et pourtant une grappe de 140 compétiteurs se lance et parvient à boucler un superbe parcours. Seul là-dedans impossible de faire plus de 10 kilomètres, avec une grappe en compétition le rouleau compresseur se met en route grâce à la collaboration entre pilotes, et ça marche. Alors au moment où j’aurais du faire preuve de lucidité, je me suis enfermé dans une fuite en avant. En bouclant même dans les derniers, je serais certainement resté sur la boîte. Mais bon, quand bien même je serais venu à bout de cette difficulté, rien ne dit que je serais rentré au but. XotF, Stéphane et quelques autres se font coincer avant la dernière balise, Ludo rate la ligne de 23m, d’autres d’un peu plus à cause du vent à l’attero. Donc c’est comme ça et puis c’est tout, pas la peine de psychoter avec des si.

Noël en décembre

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que je ne vais pas arrêter le parapente à Noël. Je sais que je peux encore progresser, j’ai envie de faire mieux. Je ne sais pas si j’aurai encore la possibilité de jouer un podium en Championnat de France, mais je jouerai pour savoir.

Beaucoup de messages de sympathie m’entourent, après la victoire comme après la déroute, et cela me fait du bien. Merci à tous!